3ième voyage

Il me semble qu'il fait beaucoup moins sombre depuis que par la fenêtre je vous sais un peu là. Vous hésitez encore un peu à accrocher un message à la bouteille ballottée par les flots irréels de l'ondulation cybernautique. Mais je ne désespère pas. Il me faut donc continuer à vous donner de vos nouvelles alors je me penche encore une fois, jusqu'à la nausée, pour y voir par l’œil de bœuf un peu de vous.

Attention il m'arrive d'être d'humeur maussade, mais c'est aussi pour partie à cause de vous. Vous semblez courbé par les ans, le temps a jugé bon de creuser en vous de ces sillons qui lassèrent vos reins. Pauvre homme accroché à son écran de lumière comme à une bouée pour ne pas sombrer. Vous avez oublié d'éteindre votre machine électronique, c'est par elle que je viens me glisser en votre demeure. Vous vous êtes réfugié dans la cuisine car l'appartement est trop grand vous pourriez y noyer votre carcasse. Seul le chat à encore la patience de supporter votre errance en ce monde qui n'est déjà plus le votre. Il n'y a plus qu'une bouteille de lait dans ce frigo immense où finit de rancir un reste de beurre. Manger n'est plus un souci, puisque il est bien tard, et les images qui gigotent sur cet autre écran de lumière n'ont plus la couleur de l'illusion qui fut la votre. Le journal s'est échoué sur le canapé, il annonce en gros titres que le monde à le mal de mer, que la houle devient trop forte et que le chemin se vrille sur lui-même comme la bande de Möbius . Dans un ultime retournement, nous voilà à la case départ. Mais je vois que vous avez tourné le dos au mur des lamentations, fusillé vous l'êtes déjà car vous avez fermé les yeux quand elle vous a souri, une dernière fois.

Heureusement, on peut toujours finir la partie par un match nul !

Vous pouvez toujours me retrouver le site : http://olivier.issaurat.free.fr/