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Le voyageur internautique
6 juin 2013

Le feuilleton : Au gré des frimas, quand blanchit la banlieue (deuxième épisode)

banlieue

Accès au premier épisode

J'étais tranquillement installé, pénard devant mon écran à siroter ma téquilla sunrise quand la machine se mit à vibrer. Dans la boîte métallique un pneumatique venait de tomber « C'est pas mal comme début, j'aimerais bien lire la suite... ». Alors tout à coup les personnages de mon histoire se sont tous amenés d'un seul coup d'un seul. Ils ont renversé la téquilla sunrise sur la machine à écrire les mots. Et tranquillement comme si tout cela était normal, ils sont venus réhabiter ma caboche. C'est un vrai foutoir ! Tout ça à cause du passager d'un autre bathyscaphe, le Hime-Chan, qui double le cap à quelque encablures sur bâbord ! Je le croise quelques fois, il canote tout près des sirènes qui hurlent leurs espérances… Elles sont bien petites, mais elles savent se faire entendre !

La vielle dame qui rêvait auprès de ses camélias...

Elle vivait là, seule depuis la disparition de son Léon. Il ne restait de lui que son poumon à clapet, posé au-dessus de l'armoire. De ces armoires qui prennent de la valeur chez les antiquaires. Pour le moment elle sert de reposoir à l'accordéon du vieux Léon qui est partie pour le sous-sol. Pas celui du Père-Lachaise car il faut un peu plus de sous. Le cimetière intercommunal c'est plus pratique, il est juste à côté et c'est beaucoup moins cher. Elle s'y rend de temps à autre, quand elle tourne en rond dans sa bicoque. Elle en prend le chemin de moins en moins souvent, ses vieilles jambes la porte de difficilement. Et puis il y a les travaux. Pour traverser la route nationale 1 qui s'élance à travers la banlieue Nord pour se noyer dans la Manche en Calais, elle doit faire le tour. Elle doit contourner les grilles qui surmontent d'affreux blocs de béton. Ils protègent les rails du tramway de l'invasion des barbares. Alors la mémé avec son camélia pour Léon, elle fait le tour aussi. Ça rallonge le chemin de quelques centaines de pas, des pas qui pèsent leur poids en années. Elle doit passer au-dessus des lignes de chemin de fer. La montée est légère, mais pour la dame avec son camélia c'est l'ascension du Tourmalet. Pour couronner le tout, ce qui n'est pas rien les couronnes dans un cimetière, ils ont fermé la petite porte qui permet d'entrer par l'arrière de l'ossuaire. C'est plus agréable, on entre sous les pins. On se croirait dans le midi, abrité par des géants qui courbent l'échine sur un promontoire parsemé d'aiguilles de pin. On espère le doux murmure du ressac, mais là c'est une autre histoire.

Marguerite traverse le salon sorte de mausolée où finit de mourir une télévision qui n'a plus d'âge. Depuis la TNT, l'écran s'est éteint définitivement. Elle s'est habituée au silence comme elle s'était habituée au brouhaha de la machine à images. Il y avait belle lurette qu'elle ne s'intéressait plus aux émissions et autres films dont elle ne comprenait rien. Le son lui faisait une compagnie, c'était comme si elle avait de la visite. Comme si quelqu'un attendait qu'elle ait fini dans la cuisine pour revernir avec deux verres. Un pour elle et un pour... elle. Au final le silence c'était plus simple, ça faisait moins mal, l'invité ne se transformait pas en lucarne à mirages.

Mais pour l'instant, elle s'activait. Elle préparait un café, c'était l'heure de sa visite. Bientôt l'heure. Comme elle n'avait rien d'autre à faire, elle s'affairait. Elle avait rempli le porte filtre avec le café grand-mère qu'elle recevait avec le colis pour les vieux. Il était infâme, mais elle ne le savait pas, car elle n'en buvait pas. Elle revérifia que le compartimentent à eau était correctement rempli. Elle plaça le filtre au-dessus afin que le tube plonge dans l'eau. Elle vissa solidement la partie haute destinée à recevoir le café. Elle serra une dernière fois comme elle pu. La force lui manquait, même dans les poignées. Elle plaça la cafetière italienne sur les créneaux. Elle n'avait plus qu'à mettre à chauffer et attendre le petit murmure de l'eau qui traverse le filtre pour finir par le sifflet caractéristique de la vapeur qui termine le processus de percolation.

J'attends à nouveau de vos nouvelles pour publier un nouvel épisode ...

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Commentaires
O
Je vais les rameuter daredare pour qu'ils reprennent leur place dans ma caboche ! Les personnages c'est comme ça, ils peuvent foutre le camp et aller voir ailleurs si y a pas une place dans une autre histoire ou bien dans la tête d'un autre auteur...
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S
Tes personnages sont bien intéressants !<br /> <br /> J'ai l'impression que je ne suis pas à bout de mes surprises, alors continue comme ça ! ;)
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O
Je le crains bien, mais là il va falloir que je cogite... C'est que une fidèle lectrice il ne faut pas la décevoir !
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H
Deux lycéennes qui sont sûres de leur avenir, une vieille dame aux camélias, un Léon qui joue de l'accordéon... Tout ça m'a l'air bien intéressant. Mais que va-t-il se passer ? J'espère que vous publierez bientôt le troisième épisode !
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  • Le voyageur internautique se propose de vous retrouver au fil des réseaux et des ondulations de la toile pour un banquet sidéral au son des ruminations mentales qui l'habitent ... Affaire à suivre !
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