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Le voyageur internautique
22 décembre 2013

Rêve de sable...

nuktos8

Je faisais ce rêve étrange, encore une fois... Il n'avait pas de signification particulière, il s'agissait juste d'un rêve. Tout était à sa place, chaque objet attendait tranquillement d'être rendus à son inutilité. Le verre posé sur la table, la table au milieu du salon et le miroir dans lequel se reflétait la fenêtre attrapait le soleil d'été pour le rendre à la pièce. Le dehors était bien au-dehors et le dedans dedans. On devinait la cuisine et son petit évier de grès dans lequel une goutte s'échappait de la fontaine, de tout son poids, de toute son inertie elle allait frapper le fond du bac. Sur le rebord de la petite lucarne, la glycine dégoulinait jusqu'à mi-hauteur. L'odeur se diffusait en rampant sur le carrelage constitué de tomates ocre. Petit à petit la senteur emplissait l'appartement. Seule la chambre était dans l'obscurité, plus exactement une ombre, douce que rayaient les volets à persiennes. Il me semble qu'il manquait un chat, dans le fauteuil en cuir bordeaux. Pourquoi un chat. C'est étonnant les rêves. Ce n'est pas ce qui est dans le rêve qui est étrange, mais ce qui manque. Un chat noir, à l'oeil crevé, aux griffes acérées, le ventre déchiré par les trop nombreuses balafres. C'était bien lui, ce matou effrayant croisé un jour à la descente des marches en chêne craquelé, tordues en tous sens, que bordait maladroitement une rampe branlante. C'est toi qui tuas mon enfance à jamais la peuplant d'une solitude décrépie, usée par les heures à t'attendre. Je voulais juste tendre une main amie et chasser cette mauvaise bête. Depuis je cours après les appartements, à la recherche d'un chat noir, un mauvais chat noir qui sommeille tout au fond de la caverne traversée par le vent qu'est devenu mon esprit.

Huitième épisode

La Lune m'a ouvert la voie. Je dois maintenant avancer vers lui, car moi seule ait le pouvoir de l'arrêter. Mon époux m'a confiée cette mission, j'en suis certaine. Je suis la Gardienne du Soleil plus que sa femme. Son esclave. C'est ainsi. Peut-être est-ce la raison qui m'a poussée à rechercher la tendresse de Nox. Et quand je serai face à lui ? Que ferais-je ? Je le tuerai ! Oui, il n'y a aucun doute possible, je l'écraserai et l'ombre se retirera de la Terre à jamais. Oh, Mère Lune, la douleur est immense ! Comment sacrifier mes sentiments ? Mais je te sens qui recule, astre miroir. Que se passe-t-il ? Le vent et les nuages qui te cachent t'éloignent de moi. Ta puissance coule encore dans mes veines, mais je n'entends plus ta voix rassurante. Je n'aurais pas la réponse à mes questions.

L'orage gronde. J'ai peur. Est-ce Nox qui t'envoie, ciel de suie ? J'ai si peur. Un grand éclair blanc déchire l'horizon comme une lame tranche la chair. Le tonnerre résonne en moi, écho parfait de ma terreur. Et la pluie se met à tomber. Des gouttes lourdes de poussière et de chagrin qui ruissellent sur moi telles des milliers de larmes de désespoir. Mes propres pleurs se mêlent à l'eau des cieux. Le froid me fige. Mes pensées ne sont plus qu'un amas de faibles idées qui tentent en vain de lutter contre la frayeur qui m'envahit. La nuit et la tempête. Tableau d'horreur. Je tombe à genoux. Un doute m'envahit. Et si... si je n'étais pas assez forte ?

Je t'aime, Nox. De toute âme. Une autre certitude est pourtant présente en mon cœur. La plus douloureuse. Mais celle qui sauvera les miens. Tandis que la plaine se gorge d'eau, je hurle. Hurle à en mourir, hurle contre ce destin trop cruel. À ton image. Je sais que tu es différent. Mais il me semble pourtant que nous sommes semblables. Je voudrais tellement pouvoir t'offrir mes forces et mes faiblesses, être celle qui te ramènera vers la Lumière. Je suis folle, bien sûr. Tu ne peux être l'allié du Soleil. Alors je te tuerai. Malgré le sincère sentiment qui me lie à toi. Je le dois. Pour Achachak. Et pour tous les Hopis. Tu dois disparaître.

J'ai repris ma marche sous la pluie battante. Je suis une flèche parfaitement ajustée qui touchera sa cible en plein cœur. Je file à travers l'herbe trempée, qui rugit comme une mer déchaînée. Le vent soulève des vagues émeraudes et fait violemment onduler l'étendue mouvante. Les êtres vivants se cachent. Je sens leur flamme qui tremblote, qui sous une pierre, qui dans une caverne, qui au creux d'un arbre mort. Restez à l'abri, mes amis. La colère du Dieu Sombre n'est pas près de s'éteindre. A-t-il senti le danger ? Ou me considère-t-il encore comme une jeune écervelée trop idiote pour déjouer ses plans ? Je hais ce mépris dont il fait preuve à mon égard. Je ne supporte pas qu'il me sous-estimes de cette manière. Et puis il y a Isophéna... Amie ou ennemie ? Alliée ou rivale ? Je suis sûre qu'elle ne veut que le bien de Nox. Mais pour elle, que veut-dire « le bien de Nox » ? Me suivra-t-elle ? Je voudrais lui faire comprendre que la seule solution envisageable est la mort de son maître. Sa quête insensée ne mènera qu'à la fin de ce monde et du sien. Le Soleil est le Dieu Suprême. Personne ne peut prendre sa place.

Je distingue dans l’obscurité la Porte Noire qui est l'entrée de son royaume. C'est une entaille suintante de ténèbres dans le flanc de la montagne. Il s'en dégage une odeur pestilentielle, mélange de sang et de chair en décomposition. Leur ignoble odeur. Les Cerbères veillent. Je sens leur présence comme ils ressentent la mienne. La mort. Dans toute son horreur. Mais je ne crains pas ces démons de temps anciens. Crois-tu vraiment pouvoir m'arrêter ainsi, esprit de la nuit ? J'ai plus d'un tour dans mon sac. Tu vas payer ton erreur très cher. Trop cher.

« L’Aigle qui vole sur la plaine,

Aux yeux vifs et aux ailes fortes,

Veille nuit et jour, grand totem.

Royaume originel du Dieu,

Ciel conquis par le Grand Rapace.

L'esprit volant est en chacun,

L'étendue nous appartiens. »

L'étrange chanson s'échappe de mes lèvres entrouvertes. La mélodie est douce, envoûtante, comme une légère brise qui chasserait la puanteur des Gardiens. Beauté sensuelle d'une musique qui traverse les dimensions. Les accents durs du chant sont étouffés par ma voix d'esprit. Les monstres s'endorment, bercés et apaisés. J'avance, et chaque pas m'éloigne un peu plus de la très faible lumière du dehors. Je sais que l'Antre de l'Ombre est un immense labyrinthe de boyaux obscurs et que le chemin est encore long. Mais je ne perds pas espoir. Je saurai venir à bout des pièges qui parsèment ma route. Grande est ma force, et immense est ma détermination. Prends garde, Nox, j'arrive !

cf. Lumière et ténèbres

coécriture : Hime-Chan et Olioweb

(premier épisode)

(deuxième épisode)

(troisième épisode)

(quatrième épisode)

(cinquième épisode)

(sixième épisode)

(septième épisode)

(neuvième épisode)

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