Back from the dead
à lire en écoutant Back From the Dead
D’un pas lourd et pesant, je revenais d’où on ne revient pas.
Je m’enlisais petit à petit, au fur et à mesure de la marche.
En ces sables mouvants, je m’enfonçais, jusqu’à la ceinture,
Puis la bouche emplie de vase, les poumons gavés de bave sablonneuse,
L’œil englué, griffé par la silice, la narine obstruée,
De suffocations en brûlures de la plèvre,
D’étouffement en raclures,
Je n’étais plus que crachats noirs, morve verdâtre, dégoulinures.
Et me voici, face à toi, enfin de l’autre côté du reflet argenté,
L’œil face à l’œil, en l’ocelle de toi, déporté par la bourrasque,
Jeté bas comme un sac dégueulant son ciment grisâtre et rêche,
De retour en ce monde des vivants, passé dessous la surface terreuse.
En cette horizontalité boueuse, firmament empuanti par les vers,
Décomposé de viande et de bidoche, de chairs et d’os,
D’un coup de reins, je me suis extirpé pour toi,
Pour ton visage, ton sourire, tes lèvres rouges
Et la blancheur d’écume de ton regard.
Je voulais cette renaissance pour te dire tous ces mots oubliés
Dans la boîte en chêne qui clôt mon âme, emmurés sous la pierre de la stèle,
Ils attendaient.
Mais c’est le silence qui a décoré ma gueule édentée
Par laquelle s’échappent des serpents ondulants, des vipères alanguies,
Tous ces mots de granite, tellement vrais, tellement réels, et tellement vides.
Ce voyage pour tes yeux, et je m’en retourne vers ma sépulture,
Inutile et imbécile.
Je m’en reviens du monde qui te contient,
De cet univers où je n’ai pas ma place puisque tu es plus belle,
Plus radieuse depuis que je m’en suis allé.
Que ces myosotis qui poussent de mon ventre,
Que ces tubéreuses qui germent de mes entrailles,
Que cette bruyère aux ondulations bleutées, jaillie tout droit de mon organe cardiaque,
Servent pour les filles,
Qu’elles soient encore plus jolies aux yeux de ces amants que je voudrais tant voir crever.