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Le voyageur internautique
3 juillet 2015

19 heures c'est à nouveau l'heure du feuilleton ! épisode 73

maurepas5 n°73

Les tribulations de Maurepas
Quatrième partie
Vent de terre

Épisode 73 

Sous la lune inondant la route d’une blancheur laiteuse, Maurepas cherchait à comprendre les sentiments qui le traversaient. Le petit groupe qu’ils formaient l’insupportait et en même temps, il ne se voyait pas les quitter. Mais le plus terrible était la présence de Solange. Cette façon qu’elle avait de ne pas tenir compte de ses ordres était nouvelle pour lui. Il ne reconnaissait plus la Solange qu’il avait laissée en partant pour les océans. La petite fille gentille, effacée, avait disparu pour laisser place à une femme mure. Le plus déroutant pour lui, c’était qu’il aimait ça. De plus en plus, il retrouvait la force et l’impertinence d’Isabelle, pourtant la plus petite des deux sœurs, celle pour qui il n’osait avouer son amour.

Le moment du repas avant le départ avait été particulièrement éprouvant. Pourquoi tous avaient fait front commun contre lui pour aller dans un bouge trouver une mauvaise soupe et du pain rassis, alors qu’il avait déniché une auberge peu coûteuse. Il avait assez d’argent sur lui, il pouvait les nourrir, mais il n’y avait rien eu à faire. Il avait de suite regretté sa colère, regretté d’avoir frappé Petit Pierre qui n’y était pour rien. Frapper Solange était impossible, alors sa rage, il l’avait déversée sur le pauvre bougre. Il avait subi les coups sans férir. Simplement protégé par son avant-bras levé à hauteur des yeux. Il semblait insensible à la douleur. Solange avait attrapé la baguette de sauge à pleine main, l’avait cassée en deux et jetée au sol. Elle avait tourné les talons, suivie des deux autres, le laissant devant l’auberge sous le regard goguenard des deux tenanciers.

- L'est pas bien grâce la petite dame, mais elle sait y faire. Hein la Mathilde. Ce que femme veut, Dieu le veut ! L'épouse opina du chef puis rentra, suivie de près par son mari. 

Après une courte hésitation, Maurepas avait salué l'homme puis la femme, bien inutilement, car ils avaient déjà disparu dans l’entrée de l’auberge. Ensuite, il était parti en direction des trois autres par un passage qui s'enfonçait sous de petites arcades joignant des maisons peu larges mais très hautes. Aux fenêtres, pendouillait la lessive du jour, accrochée à des cordelettes qui traversaient la ruelle à bonne hauteur. La venelle prenait une inclinaison de plus en plus marquée pour filer sur l'arrière du village. Le silence s'imposait au fur et à mesure de la progression.  Petit Pierre et Paille suivaient Solange qui marchait à bonne allure. Maurepas peinait à les rejoindre. Ils s'échappèrent sur la droite. Le temps que Maurepas arrive, il ne vit plus personne.  La ruelle se divisait en deux, un côté grimpait pour aller vers le centre du village et l'autre rue descendait un peu pour remonter très vite et suivre le contournement du pays. Une petite cour ombragée surplombait la séparation de la ruelle.  À l'intérieur, on avait accolé aux murs un banc de pierre sur toute la longueur. Deux marches descendaient pour former les bords d'un rectangle recouvert par les ramures de trois érables. Des petits buissons de buis courraient contre l'adossement des maisons. Ils avaient été plantés dans un bac en ciment qui formait comme un fer-à-cheval. Maurepas grimpa la dizaine de marches pour gagner de la hauteur et tenter d'apercevoir les trois autres. Pas même un claquement de godillots sur les dalles de la ruelle. Il redescendit pour suivre le contournement. Le chemin s'arrêtait d'un coup sur une balustrade pendue dans le vide. On découvrait alors dans l’encaissement de la vallée, le parcours sinueux de la Girance. Sur la gauche, un escalier étroit s'enfilait sous les bâtisses pour déboucher sur une placette ornée de fuchsias que l'avancée dans la saison avait décrépis. Il prit à droite et se retrouva dans un embrouillamini de montées et de descentes qui partaient en tout sens pour former des ruelles escarpées. La plus part rejoignaient la place de l'église. Le bâtiment semblait enterré.  Un portail s'ouvrait sur un trou noyé dans la pénombre qui invitait la perdition. Maurepas rebroussa chemin et opta à nouveau pour le contournement du pays. Toutes les ruelles de cette ancienne fortification avaient un air de ressemblance. C'est au bout de la troisième bifurcation que Maurepas compris qu'il repartait vers le centre.  Ne sachant plus que faire, il s'accroupit, puis il sortit sa gourde. Ainsi placé, il vit un portail attaqué par la rouille de toute part. Celui-ci débouchait sur un petit escalier court qui se glissait dans les  soubassements d'une maison. Sur l'arrière de la bâtisse, en levant la tête, on pouvait apercevoir des dégoulinures laissées par un tuyau d'évacuation. Il pendait sous l'avancée d'une sorte de mansarde, certainement des toilettes rudimentaires. Maurepas poussa le portail, il dut redoubler d'efforts. Le portail céda d'un coup et Maurepas bascula en avant dégringolant les escaliers comme il put. Il tenta de se rattraper au mur contre lequel une mauvaise rampe était rivée. Elle céda, accentuant encore le déséquilibre de Maurepas. Il avait bien vu que l'escalier s'arrêtait d'un coup au bord du vide. Tombant d'une bonne hauteur, il eut la chance de se rétablir suffisamment pour amortir le choc.  Il fallait un peu de temps aux yeux pour s'habituer à la faible clarté. Il épousseta ses habits recouverts de poussière. Ses membres endoloris le faisaient souffrir, mais ne l'empêchait pas de se mouvoir. Puis petit à petit il pût se faire une idée du lieu. Il s'agissait des anciennes douves de la forteresse. Un enchaînement d'alcôves s'étirait sur une grande longueur.  Elles servaient de magasin pour les denrées périssables en d’autres temps.  De petits soupiraux laissaient filtrer un rai de lumière qui partait obliquement frapper le mur opposé à hauteur d'homme. L'escalier était maintenant inaccessible. Maurepas traversa la première salle puis la suivante pour se trouver dans une alcôve d'où partaient trois autres salles encore plus grandes.  Maurepas alla sur sa droite, revint sur ses pas pour faire la même visite avec les autres salles.  Dans chacune, une enfilade de pièces.  Finalement, Maurepas prit sur la droite. Il passa de salles en salles. Plus il avançait plus elles étaient basses au point que la dernière n'était plus qu'une cave où tenir debout était impossible. Il dut s'accroupir et se faufiler à quatre pattes pour s'engager dans le passage.  Quel ne fut pas son étonnement d'être revenu en la partie centrale qu'il venait de quitter. Sous chaque entrée, on pouvait voir, à condition d'être attentif un petit accès sur le côté qui n'était autre que l'un des chemins suivis par Maurepas (épisode 74).

Feuilleton publié tous les vendredis et les mardis à 19 heures

prochain épisode mardi 7 Juillet 2015

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