Les pieds dans le tapis
A force de me regarder le nombril, et de marcher dans le désert de mon salon, je me suis pris les pieds dans le tapis. Bim, le nez au ras des pâquerettes, me voilà face aux poissons rouges. Peu habitués à voir passer des gens, ils s’arrêtèrent un moment de tourner en rond, ouvrent de grands yeux globuleux, puis reprennent leur activité principale, tourner. Moralité, le poisson rouge n’a pas de conversation.
Comme je n’ai pas grand-chose d’autre à faire, je grimpe dans mon vaisseau internautique. D’un click, je prends le premier rayonnement sur la droite, j’évite astucieusement le proxi pour suivre un autre réseau. Les ondulations électriques me poussent jusqu’à un portail. Je n’ai que faire des portails, je sais où je veux me rendre : chez Auria. Chez elle tout est bon. J’ai besoin de prendre l’air, je sais que j’y trouverai de quoi m’aérer les méninges. Les déserts, le sable, le soleil qui vous crame le dessus de crâne, ça va un temps. Vingt ans que je n’ai plus depuis des lustres au demeurant. Cinq pour être précis.
Paf, me voilà sur la page d’accueil : Esprits-Rebelles. Avec un trait d’union, comme s’ils étaient deux, un esprit et un rebelle. Plutôt des esprits et des rebelles puisque c’est au pluriel. Donc deux groupes. Mais alors, ils sont pleins là-dedans. Je me doutais bien de quelque chose, puisque depuis le début, je m’adresse à elle avec un « vous ». Donc c’est normal alors. La dernière fois, elle m’a tutoyée, elle doit croire que je suis un. C’est complètement faux, dans ma boîte crânienne, on est plein. D’ailleurs si les quelques-uns de ceux qui font un foin d’enfer la nuit pouvaient se délocaliser ailleurs, ça me ferait du bien. Je vais les envoyer chez Esprits-Rebelles. D’ailleurs, j’y pense tout à coup, si ça se trouve, c’est un refuge pour les esprits égarés. Je vais voir de ce pas si j’y suis.
Vous n’allez pas le croire ! J’y étais…