Le mal que tu m’as fait...
Le mal que tu m’as fait, Joni Mitchell, avec cette maudite chanson qui hante encore mes nuits
Voix lancinante, image de pétales de marguerite sur bus Volkswagen, fleurs dans les cheveux, folie d’une génération, liberté exacerbée, tu as cloué ma vie dans un rêve. Tu ne m’as laissé tout seul avec de la fumée bleue plein la tête. Pourtant, à chaque fois que je t’écoute, je perds pied. A mon tour, je cours cheveux au vent. Avec vous toutes et vous tous je saute nu dans ta rivière. L’eau glacée grimpe jusqu’à mes hanches. Mon souffle devient court. Après le soleil de feu, la tiédeur du soir et toutes ces senteurs, embaume les effluves de ma démence et mon regret de n’avoir pas eu ma part de folie. Rue du temple, dans un théâtre obscur, j’ai bien cru te retrouver. Je n’y ai partagé que le désespoir de la Gare du Nord quand elle s’assoupissait en même temps que crevait ma jeunesse. Posés à plat sur la toile du cinématographe, hallucinés et psychédéliques, fantomatiques personnages, je vous sais tout près de moi, vous me mangez la cervelle depuis si longtemps. Je n’ai pas le courage, ni la force de succomber aux avances langoureuses des amours aux couleurs du LSD. Il ne me reste que cette mélodie douce-amère pour m’emporter, toujours et encore près de vous, mes très chers Hippies. Vous qui m’avez laissé seul avec un monde qui ne m’a pas attendu. Joni Mitchell, où est-elle, cette utopie que tu nous avais promise ? Tu nous as laissés orphelins au milieu de débris en plastique que nous même avons jetés sur ta mémoire. Le mal que tu m’as fait avec ta chanson, pourtant si belle, même si elle se nourrit de ma mélancolie, à jamais.