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Le voyageur internautique
16 novembre 2018

Le concours des Micro Nouvelles

Avec l'ami Jean Yves on a con couru mais on n'a pas couru assez vite !

Moralité c'est pas nous qu'on a été choisi !

résultats sur le site de Radio France :

Voici nos micro nouvelles :

Les deux de Jean-Yves ZIMMERMANN

FIN

Un matin ton radioréveil est devenu dingue. Toutes les stations sont en portugais, tu ne comprends rien. Tu allumes la télé, zappes comme un malade, toutes les chaînes diffusent le même programme : fado sirupeux et  images d’océan houleux. Tu sors dans la rue et les gens auxquels tu t’adresses te regardent gravement et ne répondent pas . Tu avises une supérette, y entres, il n’y a rien à manger. Le caissier baraqué t’indique la sortie. Tu meurs de faim et de soif. Le vent est froid, tes doigts sont gourds. Tu rentres chez toi, la porte de ton appartement est fracturée, il règne un bordel indescriptible, tout est sans dessus dessous. Une migraine t’enserre le crâne, tu te couches sur ton lit sale, il y a des courants d air glacés. Dans un demi-sommeil tu aperçois des soldats qui défilent dans la cuisine, tu  veux te lever et sombres dans l’inconscience. A ton réveil tu as un goût de sang dans la bouche , tu vois ta joue du coin de l’œil tellement elle est enflée. La pulsation de la douleur est à contretemps des hurlements gutturaux du radioréveil. Tu crois que c’est du biélorusse hurlé. Tu regardes par la fenêtre la neige qui tombe sur le nouveau monde que tu habites depuis que tu es mort.

Le nouveau monde

Le monde nouveau, on n’y rigole pas du tout. Il faut bien se tenir. Il faut tout prendre au pied de la lettre. Les double-sens et les ambiguïtés ont laissé la place au prosaïsme le plus terre à terre. Pas de parabole à part celles des télés, sur des maisons carrées pour laisser les chiens assis aux canidés immobiles. Personne n’est vraiment heureux, bonheur est réservé aux aurores frileuses. Pas de malheur non plus, privilège de Gustav. Piquer un jeton ne rime à rien hors casino, se bourrer la gueule est très douloureux, s’éclater est impensable, même sans perspective de satisfaction il faut se retenir de broyer du noir. Je me console en réduisant la police.

Et les deux de ouame :

J'ai fait un rêve 

Mais ce rêve est immonde. Dans la nuit court une hermine. Plus loin dans un fourré se terre le mulot pendant que le vol de l'épervier déchire la campagne. C'est un rêve qui se perd au fin fond des bois, là où la lumière baigne la clairière. On y découvre un tumulus, façon de ventre que le gazon illumine. Plus loin, allongée sur l'humus, les mains derrière la nuque, une fillette. Dans le ciel d'un bleu fiévreux, elle devine le langage des nuages. Un filament les relie  esquissant un lettrage qui décroche les voyelles. Le verbe se désunit de la virgule et les mots arrachent la chair même du récit. L’enfant effrayée veut fuir ce piège de terreur que les loups ont inventé pour nourrir sa crédulité. Surgissant de la terre d’affreuses racines se saisissent d’elle et l’enfouissent. Elle hurle de frayeur. L’œil exorbité, elle se débat, jetant les bras en l’air. Son souffle court est à peine audible. La suffocation.

Quel esprit débridé peut oser inventer ces histoires abominables animant les tristes somnambules qui vagabondent dans les esprits malades ?

Le nouveau monde.

Comme d’habitude, Paul y pénètre par le sas d’accès. Dans ce monde étrange, pas de meuble ni de machine à café ou de plaque de cuisson. Encore moins un frigidaire. Paul transpire à grosses gouttes, comment en est-il arrivé là ? Il ressasse  les  étapes de sa déconfiture. D’abord Marie-Brigitte. Quel prénom ridicule. Elle disparaîtrait un jour de printemps, il l’avait toujours su. La prémisse des évènements qui allaient le conduire dans le nouveau monde. Un  univers évidé où tout est à réinventer. Lucien l’avait pourtant prévenu avant de s’éclipser, lui aussi. « Ton idée est mauvaise, et puis où vas-tu trouver les fonds pour une telle entreprise ? » Au départ, il n’était pas seul. Quatre co-équipiers, fiers, sûrs d’eux, des conquérants. Un physicien, un investisseur, un informaticien, et lui-même diplômé de Saclay. Un constat s’imposait : il avait échoué, là. Et maintenant, tout réapprendre. L’épreuve de la subsistance, de la survie, cuire, conserver, se loger, dormir. Dans ce nouveau monde. Celui laissé par les huissiers…

 

 

 

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