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Le voyageur internautique
23 juin 2019

L'emprunteur, une nouvelle nouvelle... et une petite musique en plus !

L'emprunteur... tout est dit dans le sujet !

La petite musique à bibi pour agrémenter la lecture : Promenade Stellaire

Attention, il se peut que ça ne fonctionne pas avec Modzilla !

La partition pour ceux à qui ça dit : Partoche

La nouvelle :

Je me suis réveillé un jour de printemps dans une médiathèque de la banlieue parisienne, proche de la Seine et appartenant au département de la désormais obsolète Seine et Oise, du temps où le Commissaire Maigret se partageait les écrans de l’ORTF avec le commissaire Bourrel. J'ai connu la fin des vieux bâtiments regorgeant de bouquins couverts à l'ancienne avec des jaquettes en tissu d'une solidité à l'épreuve du temps ; les longs tiroirs dans lesquels on avait enchâssé des fiches sur de longues tiges métalliques ; les classements en ordre alphabétique par auteurs, par thèmes ou encore par titre.

Mais ici, point de ces bâtiments vétustes oubliés du temps que la poussière elle-même a désertés. Une médiathèque dernier cri avec de grandes baies vitrées qui permettent de côtoyer la vie débridée de la rue.

Des mômes plus noirs les uns que les autres ont cavalé dans les rayonnages. Voilà tout. Ils sont poursuivis par l'une des bibliothécaires agitant d’avant en arrière un doigt menaçant. "On ne court pas à l'intérieur de l'édifice !". La bougresse tentait de sauver sa cathédrale séculière des invasions barbares.

Au final, la poursuite fut efficace. Tenant fermement le plus faible par les abattis, elle avait réussi à entraîner la meute derrière elle pour la pousser dehors manu militari. Finie  la tranquillité de jadis, temps béni où les temples dédiés à la littérature ne supportaient pas même un murmure. En ce temps-là, point de piano désaccordé comme aujourd’hui, martyrisé par des apprentis mélomanes ; pas plus de ces médias animés aux sons synthétiques, imitation ratée d'une réalité prétendument augmentée. Encore moins de ces ados juvéniles s’interpellant d’un bout à l’autre de l’allée à la réception du moindre message sibyllin, signalée par une sonnerie idiote.

Bref, je me suis levé de mon fauteuil. La clarté d’un soleil endeuillée d'une pluie fine a achevé l'après-midi d'un coup. J'ai choisi l'allée des romans policiers. Je me suis avancé jusqu'à la lettre J sans raison. La publication d'un auteur inconnu m'a paru une façon acceptable d’occuper mon temps. J'ai attrapé le bouquin pour le sortir de son emplacement avec assez d'aisance. Au début. J'ai parcouru rapidement la quatrième de couverture. Une histoire solide qui se déroule en Écosse avec la défaite de Bonnie Prince Charlie en toile de fond. Pas une de ces foutaises historiques, mais une aventure bien réelle qui commence en 1989. Heureux de mon choix, j'ai opté pour une banquette près de la baie vitrée. Enfin, façon de parler, car le bouquin en avait décidé autrement. Il a pesé soudainement le poids d’un fer à repasser. Les anciens fers, ceux qui servent maintenant à caler les portes-fenêtres. Au point que j'ai pensé, idiotement, la couverture en fonte. Plus je m'éloignais de l’étagère plus la force s'exerçait intensément. J'ai cru à une blague. D'un rapide coup d'œil, j'ai recherché le petit plaisantin qui se jouait de moi. Pas l'ombre d’un petit bonhomme. Pas plus d’élastique invisible à ma myopie congénitale. Considérant qu'il était de mon devoir d'imposer la force de l'esprit à celle, bestiale, qui régit l'univers, j'ai tiré puissamment sur le bouquin, et me suis assis. La banquette n'était qu'à un bon mètre cinquante de distance, mais j'ai dû exercer un effort considérable pour y déposer mon postérieur. Cramponné fermement à mon roman, j'ai commencé sa lecture en l'ouvrant n'importe où comme j'en avais l'habitude afin de me faire une idée sur l'œuvre.

Mary, aux abords de fairy Glen allongée dans l'herbe regardait les étoiles essayant d'y deviner un avenir possible pour elle et son John du clan Mac Enzie...

Au moment où Mary s'imaginait déshabillée par les mains expertes de John, le livre m'a glissé des mains. Un reflex salvateur m'a permis de le rattraper avant qu'il ne s’échappe totalement. Je l'ai ouvert à nouveau à une page choisie au hasard.

Jolene, l'arrière arrière-petite-fille de Mary s'était isolée du groupe de touristes. Les photos s'enchaînaient les unes aux autres dans un concert silencieux attrapant pour chacun les mêmes images du château de l’Urquhart. Les fées n'étaient pas au rendez-vous. Jolene regrettait d'avoir entrepris ce voyage au pays de ses ancêtres. Maman avait raison, pensa-t-elle. « Laissez donc Mary reposer en paix ! », avait-elle dit de sa voix impersonnelle. Jolene escaladait la petite colline recouverte d'un gazon doux et soyeux, légèrement élastique, qui invitait le marcheur impénitent à s'y allonger...

Un moment d'inattention, j'ai laissé à nouveau échapper le livre. Un grand claquement a suivi lorsqu’il a regagné son logement. Quelle force énigmatique pouvait bien rattacher les œuvres à leurs étagères ? .../...

Télécharger la suite (texte entier) ! L'emprunteur

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