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Le voyageur internautique
16 août 2014

19 heures c'est l'heure de l'épisode n°44

Les amis je suis à Châteaumeillant et je fais avec les moyens du bord. Alors hop je jette tout en vrac.

Résumé de l'épisode précédent : Mais qu'allait-elle donc faire dans cette galère ? Voilà une question qu'aurait pu se poser l'ancien commissaire Jules Michelet s'il ne s'était pas empiffré de chou farcie.

Quarante-quatrième épisode

Les amis de mes amis sont mes amis. A ce qu’on dit !
Quelques heures auparavant Yvonne avait enfilé sa belle robe bleue et son manteau à la coupe droite qu’elle aimait tellement. Celui avec les gros boutons. Puis elle avait choisi une écharpe en soie aux reflets verts qui convenaient parfaitement à la teinte du manteau. Un peu de rouge à lèvres et un soupçon de poudre sur les joues, elle se trouvait très jolie. Dans le bas du placard, au sous-sol il y avait une boite rectangulaire en carton gris. Dedans elle avait trouvé ses chaussures vernies, comme neuves. Pour ne pas réveiller les inquiétudes de son mari, elle avait préparé son coup sur plusieurs jours. Elle avait soigneusement tout rangé avec les tabliers dans le placard de l’aspirateur où elle était certaine de ne pas rencontrer Jules. L’aspirateur moderne et lui étaient deux ennemis invétérés. Elle avait réussi à convaincre Jules d’acheter le dernier Tornado. Ils s’étaient rendu chez Darty et amoureusement ils y avaient fait cette acquisition. Jules l’avait essayé une fois, il s’était pris les pieds dedans, avait pesté contre la brosse rotative qui ne tenait pas en place, puis de guerre lasse, il avait récupéré le vieil aspirateur à la décharge sous le regard inquiet du fonctionnaire. Cet engin valait plus cher en rouleau de gros scotch qu’en tant qu’appareil électrique. Depuis ce temps là, avec Tornado, ils s’évitaient l’un autre avec une régularité sans failles. Pour ce qui était des tabliers, la dernière fois qu’il en avait pris un ça remontait à leur premier anniversaire de mariage. Jules avait décidé de faire la surprise à Yvonne. Il était rentré plus tôt, avait cuisiné tout l’après-midi. Pour finir Jules et Yvonne s’étaient rendus au restaurant le plus proche. De rage il avait fichu tout le repas dans la poubelle, le tablier avec. Il est vrai que son séjour sur la plaque lui avait donné une teinte quelque peu obscure.
Yvonne avait attendu qu’il s’enferme dans son cagibi. Juste avant qu’il entre, elle lui avait expliqué qu’il fallait qu’elle aille à la Poste. Elle lui aurait dit qu’elle allait au bordel que ça n’aurait pas eu plus d’effet. Il n’écoutait jamais ce qu’elle disait. Discrètement elle avait collé son oreille à la porte pour s’assurer qu’il était installé derrière son bureau. Le bruit caractéristique du fauteuil quand Jules se laisse choir conclut positivement cette surveillance discrète. Ensuite elle était allée récupérer ses habits pour se vêtir dans la salle de bain. Comme une espionne en pleine action, elle avait entrebâillé la porte pour vérifier que son mari n’était pas ressorti pour se servir un café. Puis, en collants, elle avait rejoint la porte d’entrée sur la pointe des pieds. Et à cet instant, au moment où elle allait manoeuvrer la poignée pour quitter la maison, elle eut un fou rire soudain qu’elle eut beaucoup de mal à contrôler. Elle venait de se revoir quarante ans plus tôt en jupe plissée en train se sortir discrètement pour aller retrouver son amoureux de l’époque.
Une fois sur le palier, quand le froid la pénétra d’abord par la plante des pieds, elle mit ses beaux souliers vernis. Avec un peu de mal car son pied avait forci. Peut-être aurait-elle pu éviter les chaussures vernies pensa-t-elle. Son petit sac à main au bras, toute guillerette, elle prit le chemin du bus. On l’entendit chantonné dans toute la rue, sa voisine lui fit un petit coucou de derrière la couette posée sur le rebord de la fenêtre. En levant le nez, on avait l’impression d’assister à un spectacle de marionnettes car on ne voyait que ses mains. Puis au moment de tourner le coin de la rue, elle se rappela soudainement le but de sa visite et elle perdit instantanément sa gaieté. Le bus arrivait au loin, elle accéléra sa marche, pour finir au pas de course. Suant sang et eau elle réussit à jouer des coudes pour passer la porte automatique. Elle déboutonna son manteau, défit son écharpe qu’elle avait eu tant de mal à positionner correctement afin qu’elle tombe parfaitement sur le revers du manteau. D’un coup de sac à main elle fit reculer le jeune blanc bec qui la collait de trop près et qui lui mettait la main aux fesses.
- « Monsieur le malotru je ne vous permets pas de me tripoter ! »
Le pauvre gars qui ne comprenait pas ce qu’on lui voulait, fut aussitôt mis à l’index par l’ensemble des voyageurs. D’un accord unanime l’ensemble des honnêtes citoyens lui jetèrent un regard noir tout en parlant à voix basse, suffisamment fort afin qu’il entende qu’il était le sujet de la causerie. Comment ça une brave dame d’un âge certain se faisait tripoter ? Ah ces jeunes pervers qui fantasment sur les vieux ! Le gus dont il était question quitta le bus car il était arrivé à destination, et le calme revint. Il avait échappé au lynchage de justesse.
Le trajet du bus passait par la Porte de Paris, c’était là que Yvonne avait rendez-vous avec André. Au café de Paris, pas très loin de l’ancien hôpital Casanova où Yvonne avait été aide soignante. Juste pour le plaisir elle passa devant la bâtisse qui n’avait plus du tout cette fonction car le service complet avait été reconstruit le long de l’autoroute A1 dans des bâtiments flambants neufs. Pour l’époque. Maintenant l’aspect bétonneux avait prit le pas sur l’aspect hôpital. Yvonne s’arrêta devant la barrière automatique, elle resta rêveuse un moment, puis elle continua sa route pour se rendre au troquet où l’attendait André. Il n’avait pas osé lui donner rendez-vous au bistrot de la place du 8 mai anciennement place de la Caserne. Il s’était dit qu’elle ne serait pas très à l’aise au milieu de la flicaille. Il avait une idée assez imprécise de l’objet de la rencontre. Avec son esprit de déduction, il avait peur qu’elle vienne pour un rendez-vous galant la vioque et il ne voulait pas avoir la honte devant tout le monde. C’était la vraie raison de son déplacement en terrain neutre. Ce fut une réussite totale car il ignorait que toute une partie du commissariat, les plus jeunes, y avait leur quartier général. Ce qui fit que, de voir l’inspecteur ainsi à l’écart de son lieu habituel les amena à penser à ce que André voulait justement éviter qu’ils leur viennent à l’esprit.
- « Bonjour commissaire, comment ça va ? »
Cette fois il s’agissait du jeune flic nouvellement nommé à la brigade. Par contre, tout comme les trois autres qui avaient précédé, il avait le petit sourire idiot qui voulait dire « Alors, commissaire on se donne du bon temps avec une jolie dame qui se fait attendre. » Ce qui eut pour effet, lorsque la jolie dame d’une bonne cinquantaine d’années bien tassée se présenta, de le faire devenir rouge écarlate. Yvonne l’espace d’un instant eut une idée qui lui traversa l’esprit, André aurait-il pu pensé qu’elle était là pour un rendez-vous galant ? Du coup elle ne prit même pas le temps de le saluer et elle attaqua directement dans le vif du sujet d’une voix incisive qui se voulait sans équivoque. Tout en restant debout elle s’écria.
- « Je suis là pour Jules, n’allez pas imaginer quoi que ce soit d’autre ! »
André de rouge écarlate, passa à rouge écrevisse puis par toutes les nuances de la palette des teintes vives. Ce qui n’échappa pas à l’ensemble des jeunes policiers présents qui bien évidemment avaient fait silence pour entendre ce qui allait se dire. Ils avaient là de quoi jaser pendant un bon mois facile. Surtout que Gaétan Vogel, le planton de service, était là et qu’il avait reconnu la femme de l’ancien commissaire Michelet. André n’avait plus qu’une idée en tête, faire au plus court. C’était un point de vue que ne partageait pas du tout Yvonne.

 

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