19 heures c'est à nouveau l'heure du feuilleton ! épisode 8

n°8

Les tribulations de Maurepas

Première partie

Une mariée, un mariage et un départ.

Episode n°8

En ce lieu seulement, on  pouvait ressentir une telle fraîcheur à cette heure où le soleil noyait le vallon d’une chaleur étouffante. Le bruissement continu du ruisseau qui dégringolait de la montagne donnait une quiétude particulière. Les arbustes poussaient à profusion et le sentier qui grimpait à travers la rocaille et les roches se perdait dans une ombre que jamais la lumière ne troublait. Une mésange chantait un peu plus haut sur la droite. Les grattements et le mouvement soudain des feuilles mortes laissaient deviner la présence de petits animaux. Certainement des rongeurs, ou bien de petits lézards gris qui s’échappaient en ondulant de tout leur corps. Maurepas s’accroupit, trempa les mains dans l’eau, faisant une petite coupelle en réunissant ses deux paumes. Il prit le temps de boire le breuvage frais. Il n’avait pas vraiment soif, c’était une sorte d’hommage. Une façon à lui de remercier les dieux bienfaisants qui avaient fait couler cet élixir en un lieu où la sécheresse faisait disparaître toute trace d’humidité à peine sorti de l’hiver. Maurepas leva la tête. Il devinait plus qu’il ne voyait le plateau qui s’ouvrait plus haut pour rejoindre les Bayaux. Ce parcours était bien plus court, mais il fallait pour cela couper à travers les pâtures de Maurice, le vagabond, l’adversaire, celui qui cherchait n’importe quel prétexte pour se quereller avec son ennemi de toujours.

On pouvait accéder par la route, mais il fallait faire un détour de plusieurs kilomètres. Aujourd’hui, Maurepas n’avait pas le temps, il devait arranger les affaires de son petit frère qui ne pouvait pas éviter de fiche dans les pires ennuis. A cette heure de la matinée bien entamée, Maurice n’avait aucune chance de se trouver sur sa parcelle de terrain. Ses plantations avaient été arrosées bien plus tôt dans le petit matin pour ne pas perdre l’eau en évaporation. Il devait être dans le bois au-dessus des bâtisses à canarder les sangliers qui venaient dévaster ses cultures.

Maurepas reprit son ascension. Assez vite, il fut à hauteur du plateau. Celui-ci semblait un promontoire taillé dans la montagne. Il formait un triangle planté à flanc de colline. Par la Ruisselle, on débouchait sur le petit côté dans les taillis. Seule une petite trouée permettait de sortir des fourrées pour accéder aux cultures. Un chemin courrait le long du bois. Il fallait marcher sur une centaine de mètres pour retrouver la petite rivière qui coulait dans la ravine. De là, un sentier conduisait aux bâtisses. Courbé en deux pour ne pas se faire remarquer, Maurepas avançait précautionneusement. A cet endroit, il était à découvert. Un craquement le surprit au moment où il s’engageait dans la sente qui longeait un creusement dans lequel l’eau faisait une mare. Derrière lui, un homme, qu’au travers de la végétation, il devinait à peine. Maurepas se retourna pour faire face (épisode 9).

 Feuilleton publié tous les vendredis et les mardis à 19 heures

prochain épisode le vendredi 14 novembre