J'ai fait un rêve
Mais ce rêve est immonde. Dans la nuit court une hermine. Plus loin dans un fourré se terre le mulot pendant que le vol de l'épervier déchire la campagne. C'est un rêve qui se perd au fin fond du bois là où la lumière baigne une clairière. En sont ventre un tumulus que le gazon illumine. Allongée sur l'humus, les mains derrière la nuque, une fillette. Dans le ciel d'un bleu fiévreux, elle devine le langage des nuages. Le filament qui les relie forme un lettrage qui fait décrocher les voyelles. Le verbe se désunit de la virgule et les mots ne forment plus le petit train de la connaissance. La pauvrette prend peur. Elle veut fuir ce piège de terreur que les loups ont inventé pour se nourrir de la crédulité des enfants.
J'aurais tant voulu n'avoir jamais su écrire de si méchantes histoires qui effrayent les somnambules, tristes promeneurs en les méandres de mon esprit malade.