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Le voyageur internautique
10 août 2014

19 heures c'est l'heure de l'épisode nº38

Je suis dans le Gers, enfin ! Des embouteillages des accidents à gogo, bref les vacances. Le seul problème c’est que je n’ai pas d’accès WIFI, donc je mets les épisodes directement sur le blog. Dès que je peux je mets en ligne à l’ancienne.

Résumé des épisodes précèdents : Jeanne a trouvé en ce médecin, débordé, usé par la fatigue et la mort qui frappait ses patients, un homme humain. Elle va pouvoir rester au sein de l’hospice attendre de voir si sa petite Colette survivra. Mais si vous êtes malin vous connaissez déjà la réponse.

Pendant ce temps, Jeanne se souvient de ce maudit camp de réfugiés qu’elle regrette d’avoir trouvé si bien puisqu’il est la cause de la maladie de sa petite Colette.

Et Jacques que fait-il pendant ce temps, à quoi pense-t-il ?

Trente-huitième épisode
Alors vint l’inconsistance
Jacques était debout depuis l’aube. Il avait promis d’être de retour au troisième jour et il avait dans l’idée de tenir sa parole. Marie encore dans les brumes du sommeil, fut assez étonnée d’avoir été devancée. Elle était toujours la première levée, elle s’occupait du bois, et mettait à chauffer le lait quand il y en avait. En ouvrant les yeux, ce fut les bruits et les odeurs qui l’informèrent que lorsqu’elle allait arriver elle trouverait le petit déjeuner servi. Elle traversa la cour faites de pavés grossiers que le herbes envahissaient, puis elle se dirigea vers le petite abri en tôle à l’écart de la grange. A cet endroit ils avaient installé le four en briques sur lequel ils cuisaient les aliments. Leur crainte d’un incendie qui pouvait se propager très rapidement à la bâtisse était telle qu’ils préféraient préparer le repas dehors quelque soit les intempéries. Les mains sur les hanches ce ne fut pas le contentement qu’on lisait dans son regard, mais la colère.
- « Qu’est-ce qui vous arrive vous êtes tombé du lit ! Pourtant il est pas bien haut… »
Jacques dormait à même le sol sur la paille tout au fond de la grange. C’était un lieu qu’ils avaient trouvé par chance. Une vieille ferme à moitié délabrée qui servait uniquement à entreposer du matériel et stocker de la paille. Le jour de l’accident, alors que Jacques, Colette et sa mère étaient sur la route de l’hospice, Marie était sur le bord de la rivière à laver du linge. Le ciel promettait une belle journée c’était l’occasion de sécher les matelas emplis d’humidité et de faire la lessive. De toute façon, ils étaient bloqués là pour un moment. Petit Pierre s’était fabriqué une ligne et il essayait d’attraper du poisson. Un brave, poussant sa brouette vint à passer. Du pont qui enjambait la rivière il s’adressa d’abord à Petit Pierre.
- « C’est vous les réfugiés qu’êtes arrivés hier ? »
En voyant que celui à qui il s’adressait, tournait la tête en direction d’une vieille dame, il réitéra sa question.
- « Oui, acquiesça Marie.
- J’ai besoin de bras, si vous voulez donner un coup de main, je vous laisse la grange du Bas Pré pour vous installer. Elle se trouve à un bon quart d’heure en amont. Il y a un puits, de l’avoine pour les bêtes. La bâtisse n’est pas de très bonne qualité, mais vous y serez à l’abri. »
Voilà comment ils avaient trouvé un lieu tranquille, presque idyllique. Ils avaient les chevaux, des bras solides, de la bonne volonté, l’affaire fut conclue d’une poignée de main sur le pont entre madame Daumésil et monsieur Lamprois.
Marie toujours les poings sur les hanches regardait d’un air dubitative Jacques attelant les deux chevaux. Madame Daumésil, arriva elle aussi, suivi de Petit Pierre. Tout en finissant d’harnacher les chevaux au timon, Jacques si tourna et dit : « Pour les ballots de paille, le Pierre y sait. Il est peut-être sourd, il est peut-être muet, mais par contre il a oublié d’être bête. Faudra juste l’accompagner et lui désigner les ballots sinon il ne bougera pas. Pour le reste il se débrouillera. Il y a les foins, ça peut attendre mon retour. Il va faire du soleil, ça séchera un peu le pâturage, sinon on ramassera que de l’eau. »
Madame Daumésil resta silencieuse, mais elle fit un signe de la main qui voulait dire « va, si c’est comme ça que ça doit être alors va. » Jacques alla chercher sa casquette et sans dire un mot il grimpa sur le siège à l’avant. Il claqua de la langue, leva le fouet et cela suffit à faire avancer le convoi. Il aurait pu partir bien plus tard, mais il avait hâte d’avoir des nouvelles de Colette. Et peut-être aussi d’être au près de Jeanne. S’il fallait encore une autre raison, l’heure matinale, à la fraîche, était plus agréable pour faire le chemin. Sur la route il ne croisât personne. Les fermes isolées semblaient encore endormies, ou bien abandonnées. Une partie du travail avait été laissé tel quel. Le calme et une légère brise accompagnèrent Jacques pendant son parcours. De temps à autre, il somnolait, les sens toujours en éveil grâce aux rênes qu’il laissait filer dans sa paume. De cette façon il ressentait le moindre problème par la nervosité soudaine des chevaux. En chemin, il vit un chariot qui avait versé dans le bas côté. Il avait été abandonné par ses occupants. L’une des roues avait été brisé par le choc, et l’essieu avait plié le palier en fonte. Tout autour se trouvait éparpillé ce que les occupants n’avaient peu emporté. De moins les choses inessentielles, car une bonne partie avait été prises par d’autres. En découvrant un véhicule à essence, abandonné plus loin, il se souvint de ceux qui avaient traîné, en remorque derrière leur chariot une telle voiture rutilante, mais inutile sans son combustible. Elle n’était plus qu’une remorque à l’intérieur de laquelle se trouvaient les enfants et l’une des femmes. Comme c’était étonnant de les voir ainsi accoudés à la fenêtre, il ne manquait plus qu’une locomotive et l’on eut pensé à un train qui aurait perdu ses rails. Il passa le hameau des Bricottes, il n’y avait plus âmes qui vivent. C’était ce qu’il avait pensé. Lorsqu’il avait actionné la pompe pour tirer les deux seaux d’eau nécessaires pour abreuver les chevaux. Il avait senti tout d’abord une présence dans son dos, puis une vieille pétoire. Ce qu’il avait pris pour un vieux paysan était une vieille folle. Elle puait la merde à cent mètres. Ils avaient bien ri la première fois qu’ils étaient passés par ce hameau avec les autres réfugiés. Ils s’étaient moqués de ce fusil qui ne ressemblait à rien.
Jacques toujours à côté de la pompe, observait la veille qui hurlait des mots en patois qu’il ne comprenait pas. Il n’avait pas de temps à perdre avec cette ahurie qui avait perdu la raison. Il s’approcha, attrapa l’arme par le canon, poussa un grand coup et la vieille tomba sur son cul. Elle se mit à crier de plus belle. Tous les noms d’oiseaux qu’elle connaissait y passèrent, en français comme en patois. Et elle en connaissait une sacrée liste. Jacques fit tourner la pétoire au-dessus de sa tête et l’envoya valdinguer au loin. Lorsqu’elle toucha le sol, un coup de feu parti d’un coup. La chevrotine se déversa en un grand entonnoir pour aller se perdre de l’autre côté de la rue. Jacques perdit d’un coup son sourire narquois. Jamais il n’aurait pensé qu’un truc pareil puisse faire un tel dégât. Dans les fourrés on pouvait percevoir une trouée laissée par la déflagration et une partie du tronc d’un arbre avait été arrachée. Et si Jacques avait mieux regardé, il aurait vu un lapin qui ressemblait plus à un pâté qu’à un lapin. Il se tourna vers la folle, toujours sur son cul. Cette fois elle riait de bon cœur ouvrant grand sa gueule édentée. Elle releva ses jupes pour exhiber son sexe. Jacques prit en bâton dans l’intention de lui administrer une bonne correction. Il changea d’avis, jeta le bâton au loin, puis alla récupérer l’arme à feu. Il la prit par le canon, et la brisa en deux, contre l’angle du mur. Il se tourna vers la veille qui ne rigolait plus du tout, il la salua de la main en touchant le rebord de sa casquette, puis il répit sa route.
Il lui fallut toute la matinée pour arriver à l’hospice. Il entra dans la cour pavé, fit le tour puis s’arrêta à hauteur d’une ancienne étable. Au mur il y avait des anneaux en fer. Il détala les bêtes et les y accrocha. A chacun il donna deux picotins d’avoine. Il recula le chariot et lui fit faire un demi tour. Il enleva sa casquette avant d’entrer dans le grand hall. Beaucoup de malheureux attendaient que le temps passe. La plus part étaient assis sur les bancs, les autres à même le sol. Certains dormaient à moitié. Dans cette cours des miracles, une infirmière vaquait à ses occupations. Il s’approcha d’elle, prit sa casquette à deux mains, et la tînt devant lui.
- « Bonjour madame, je voudrais savoir où se trouve Jeanne heu… La petite Colette, elles sont arrivées il y a trois jours. Le typhus.
- Ça ne me dit rien, voyez avec le médecin, il doit être en salle de garde, au fond… »
Jacques se retourna pour prendre la direction indiquée. Il tomba nez à nez avec Jeanne et sa fille. Elle était là, devant lui, un petit ange. Déjà qu’elle n’était pas bien grasse, on aurait dit une plume, si on eut soufflé dessus elle se serait envolée. Il la prit dans ses bras et déposa un doux baiser sur son front. Puis il l’a plaça dans son bras gauche et sans plus réfléchir, il attrapa Jeanne par la taille, l’approcha de lui et l’embrassa aussi, sur les deux joues. Débordé par la joie de les revoir, il avait laissé exprimer ses sentiments et là il était rouge écarlate. Colette de les voir ainsi tous ensemble sourit et en étendant ses bras elle serra Jacques et Jeanne pour que tous les trois ils ne fassent plus qu’un. La douceur de Jeanne, sa fraîcheur et sa beauté tournèrent la tête de Jacques. Ce ne fût qu’un court instant, car très vite Jeanne récupéra sa fille et délicatement se dégagea.
- « Il ne faut pas lui en vouloir, c’est la joie de te revoir, dit elle en rosissant. Je vous avais vu arrivé, nous étions sur le côté dans les jardins. Nous faisions une petite promenade. »
Ce ne fut qu’un court instant, mais il fut si intense pour Jacques qu’à partir de cet instant plus jamais il ne regarderait Jeanne comme avant. Relu

 

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