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Le voyageur internautique
30 décembre 2014

19 heures c'est à nouveau l'heure du feuilleton ! épisode 22

maurepas3 n°22

Les tribulations de Maurepas
Deuxième partie
La malédiction des Maurepas.

Épisode 22

À partir de cet instant, Marcel devint un rival, mon ennemi. Mon seul ennemi. Ce fut mon meilleur ami, mon frère pour ainsi dire, il se transformait en tout ce que j'ai pu haïr le plus au monde. Tout simplement parce que dans le regard des yeux, au plus profond de la pupille de Clairance, je l'ai vu lui. Il avait retiré des yeux aux reflets d'émeraude ma propre image. J'ai fait semblant, je me suis menti à moi-même, j'ai joué la comédie. Je les ai présentés l'un à l'autre. « Mon meilleur ami, Marcel. » « Je vous connais bien, vous êtes le monsieur du moulin » « Et vous aussi, je vous connais bien, vous êtes Gamine » « On m'appelle plus comme ça » A cet instant, elle a rougi, délivré un peu de sa colère, montré qu'elle avait du caractère. Je ne le pensais pas possible, mais elle avait encore embelli. « Je sais. » « Ça ne me gêne pas que vous m'appeliez ainsi. » « Je vous laisse, vous étiez avec mon ami. » « Non, restez. » J'ai continué à faire semblant, mais mon cœur, je le jure, s'est arrêté de battre. Puis le curé a passé, il m'a pris par le bras. Je l'ai suivi. Cet oiseau de mauvais augure, peut-être que tout ce qui a suivi est de sa faute. Il a tenu mon bras, doucement a tiré, lentement m'a emporté, loin d'eux, pour me dire des histoires de curé. Je ne me rappelle plus le moindre des mots qu'il m'a susurrés à l'oreille, il me voulait dire des histoires de village, mais mon esprit était absorbé par autre chose. Tout mon corps, la plus petite parcelle de mon âme était pour elle, était déjà contre lui, ce monsieur qui, dès lors, n'était plus un ami.

Quand ils ont tiré les feux de Bengale, lancé les cocardes, que les enfants ont couru, ils n'étaient plus là. J'ai su bien plus tard qu'ils s'étaient écarté du vacarme, ces cris assourdissants à chaque cocarde retrouvée. Sur le muret qui borde les jachères des écarts en contrebas, leurs jambes pendaient, côte à côte, ils souriaient à la nuit, ils parlaient de tout et de rien. Pourtant, c'est moi qu'elle a embrassé. Ses lèvres étaient fraîches comme la douceur du soir, elle sentait la violette dans sa robe blanche, elle m'a expliqué que j'étais bien bête. Pour ça, bon dieu qu'elle avait raison. Pieds nus, ses sandales de cordes dans une main, dans l'autre ma main, elle riait. Moqueuse, elle m'a embrassé encore une fois.

Je crois qu'il l'a ensorcelée, il a pris son âme, sinon tout cela n'a pas de sens. Que j'étais heureux de la savoir à mes côtés. L'avenir était radieux, j'étais un dieu. Les rires, les paroles, les histoires et les rancœurs ne me touchaient pas, ne m'intéressaient pas. Je ne pensais qu'à une seule chose : son ventre et le petit qu'un jour j'y mettrais.

Depuis, j'ai mis le feu dans ce putain de moulin (épisode 23).

 

       Feuilleton publié tous les vendredis et les mardis à 19 heures

prochain épisode le vendredi 2 janvier 2015

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