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Le voyageur internautique
2 janvier 2015

19 heures c'est à nouveau l'heure du feuilleton ! épisode 23

maurepas3 n°23

Les tribulations de Maurepas
Deuxième partie
La malédiction des Maurepas.

Épisode 23

Qu'est-ce que j'ai voulu croire ? Le vrai du faux, est-ce que cela a de l'importance ? La vérité, c'est que je me suis senti trahi. Bafoué et sali. Je n'osais plus me regarder, j'étais devenu un être rempli de haine. Je voulais effacer cette honte, cette tâche qui me collait au corps. Je ne supportais pas l'idée du regard des autres. Je me faisais des idées, j'imaginais ce qu'ils se disaient dès que je tournais le dos.

Il était sur le pont. Au-dessus de la Siame. Quinze mètres au-dessus. Un aqueduc des Romains. Avec une voie pour les piétons et les chariots. Pour les chariots se sont les anciens qui ont fait les modifications. Ils ont changé les dalles et refait le parapet. Mal refait. À certains endroits, il se décrépit. Et il n'est pas très haut. Les mères passent leur temps à mettre en garde leur progéniture. Pour rien, il n'y a jamais eu un seul accident. Ou alors c'est le résultat de leur travail de mamans consciencieuses. Le seul qui est tombé, c'est un soûlard qu'on aurait volontiers oublié. Son seul fait d'armes, c'est d'être tombé du pont. Et encore ce crétin n'était même pas sur le pont. Il avait voulu pisser dans la rivière pour la dégueulasser, histoire d'emmerder ceux d'en bas. Installer dans le virage, il avait roulé dans le ravin à cause d'un bout de terre qu'a lâché. Trop saoul, il avait perdu l'équilibre. L'Auguste du pont. Ou encore Pisse Auguste. C'est avec ces deux surnoms qu'il est passé à la postérité.

Je savais qu'il serait là. C'était son coin préféré pour réfléchir. Il s'installait sur le parapet et s'y allongeait les mains derrière la nuque, à l'ombre des chênes liège qui s'agrippaient à la rocaille. C'était à cet endroit que je pouvais le trouver. Ou bien au moulin. Quand il faisait trop chaud pour rester dehors, il s'installait dans le fauteuil en osier. Le moulin est construit en partie plus bas que le niveau du sol. Il y fait toujours frais.

Ce jour-là, pour mon malheur, il était sur le pont. Plus j'y repense plus je suis persuadé qu'il m'attendait. Longtemps, j'ai cru qu'il avait rendez-vous avec Clairance. Mais si seulement j'avais eu idée du contraire. Pour cela, il aurait fallu que je ne sois pas aveuglé par la bêtise. Car je peux vous le révéler maintenant. Je ne suis qu'un crétin imbu de lui-même persuader de sa supériorité. La bêtise, voilà bien ce qui nous habitait tous. À l'exception d'un seul, Marcel. Et de toutes les femmes. C'est cette même bêtise qui nous a fait, au nom de la patrie, envoyer nos enfants à la guerre.

La Siame coulait paisiblement sous le pont, en prêtant l'oreille on pouvait entendre le bruit de l'eau qui se jetait sur les rochers et aussi le murmure des pleurs du Marcel. Silencieuses, les larmes glissaient sur ses joues et moi, je perdais mon âme, avec la certitude de l'assassin qui s'avance, martelant de ses godillots, le sol du chemin (épisode 24).

        Feuilleton publié tous les vendredis et les mardis à 19 heures

prochain épisode le mardi 6 janvier 2015

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