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Le voyageur internautique
3 mars 2015

19 heures c'est à nouveau l'heure du feuilleton ! épisode 39

maurepas4 n°39

Les tribulations de Maurepas
Troisième partie
Le vent du large.

Épisode 39

Le lendemain matin, Maurepas avait perdu sa virginité. Lorsqu’il se retourna, il vit la femme, elle était allongée, encore endormie. "Pipette", il n'aimait pas ce surnom qu'on lui avait attribué. Il se pencha au-dessus de son visage, l'étudia comme le ferait le conservateur d'un musée en découvrant une œuvre d'art. Pour la première fois de sa vie, il avait l'occasion de pouvoir observer une fille dans une nudité absolue.  Il se dit que cette femme avait été belle autrefois. Elle se tourna vers la porte. Le drap glissa, découvrant la toison pubienne. Elle remonta sa jambe. Maurepas se glissa en arrière pour observer le sexe maintenant apparent. Pipette releva la tête. 

- « Bah alors mon grand, on zieute du côté de la belette pour voir si elle est au repos. »

Maurepas se rejeta sur le côté. Il plaça ses bras sous sa tête. Il resta ainsi, silencieux. La Pipette finissait sa nuit dans un demi-sommeil. Maurepas rêvassait, repensant au plaisir de la chair. Émoi qu’il venait de découvrir durant une bonne partie de la nuit.  Il eut envie de remettre ça. Doucement, il vint se coller tout contre le corps de la Pipette.

- Hé là mon mignon, on rase pas gratis aujourd'hui. 

Elle protesta pour la forme.  Puis se laissa retourner. Elle ouvrit les cuisses pour accueillir son sexe turgescent. 

- Doucement, on n'est pas aux pièces. 

Maurepas s'agitait comme une bête, Pipette eut juste le temps de se retirer avant qu'il ne dépose sa semence en elle. 

- T'es un vrai lapin.

Le sperme dégoulinait sur son ventre, elle s'approcha du petit lavabo, avec l'eau qui restait dans la cruche, elle fit une toilette rapide en passant un gant entre ses jambes. Maurepas n'en perdait pas une miette.  Il l'observait, intrigué. Il lui était arrivé de surprendre sa mère faisant sa toilette, une fraction de seconde, le temps que la porte lui soit claquée au nez. Il attendit que Pipette s'habille, il voulait voir comment elle mettait sa culotte, se glissait dans sa robe, enfilait ses pieds dans les bottines usées jusqu'à la corde.

- Je te fous pas dehors. Si tu veux, tu peux laisser tes affaires. Par contre, y a qu'une clef. Tu claqueras la lourde et après faudra que t'attendes. Je rentre pas avant les onze heures.

Un vase crasseux dans lequel une eau saumâtre finissait de croupir. Une poignée de tiges décaties y trempaient. Une nappe en dentelles servait à recevoir ce réceptacle pour des fleurs que personne n’apportait. On se demandait comment un tel ouvrage avait pu arriver en cet endroit. La pièce n'était pas bien grande mais plutôt bien agencée.  Chaque chose avait une place fonctionnelle permettant d’économiser l’espace. La lumière passait difficilement par une petite lucarne en hauteur. La pièce baignait dans une pénombre continuelle, même lorsque le soleil irradiait. Pourtant, la chaleur devenait vite étouffante. Trop près du toit, l’air chauffait très rapidement.

- Dans une demi-heure, il faut que tu déguerpisses. 

Elle ramassa son sac à main qui traînait à même  le sol, béant. Décrocha la clef qui pendait au clou à hauteur du verrou. Sans un regard derrière elle, la Pipette claqua la porte. Ses talons résonnèrent tout le temps où elle descendit les escaliers. Maurepas s'assied sur le rebord du lit, devant lui sur le mur, à mi-hauteur une petite glace était fixée à la cloison. Le reflet de l'ampoule toujours allumée y apparaissait, ainsi qu'une image décolorée par la lumière. On y devinait une femme éthérée dans une position lascive, qui émergeait d'une palmeraie le tout entourée par des arabesques multicolores.  Par la lucarne, on ne voyait qu'une petite portion de ciel. À la couleur, Maurepas pensa que la matinée devait être bien avancée. Il s'habilla de son pantalon en velours à grosses côtes et de sa chemise beige clair en coton. Il passa ses bretelles par-dessus ses épaules. Il regarda sa valise. Hésita. Il s'en saisit, se ravisa puis la poussa sous le lit. Il enfila ses chausses de laine.  L'une d'elles était trouée et laissait passer le bout du gros orteil. Il mit ses godillots, attrapa sa veste posée sur la chaise. À cause de l’étroitesse de la pièce, la chaise touchait pratiquement les montants du lit.  Maurepas passa en revue ce qu'il avait dans les poches. Hésita encore un peu avant de sortir puis se décida. D’un pas rapide, il dégringola les escaliers.

Lorsqu'il ouvrit la porte qui donnait directement sur la chaussée, il fut très étonné de découvrir un spectacle inconnu. Une ville nouvelle, avec des gens qui faisaient la ruelle très vivante. Le bruit fut pour lui le plus désarmant. Les voies fortes des bonnes femmes qui s'interpellaient d'une fenêtre à l'autre. Ou bien de la rue. Les enfants qui s'égosillaient, jouant dans le caniveau, d'autres se chamaillant en plein milieu de la chaussée.  Un gars qui poussait une charrette leur criait de décamper.  Sur sa droite, il aperçut un mât, suivi d'un plus petit, des haubans et l'une des grues dont la flèche dépassait des toitures. Il sourit, se trouva le plus heureux des hommes.  Une femme vidait un baquet dans le caniveau. Il s'en approcha. Elle le dévisagea d'un œil mauvais.  Toute personne qui sortait de chez la Pipette avait peu de chance d’être appréciée auprès de ces femmes.

- « Excusez-moi, mais je cherche la capitainerie. »

- Et tu pensais la trouver dans les cotillons de la Pipette, mon cochon ! Mariiiiio, accompagne celui-ci jusqu'à la capitainerie. Des fois qu'il perde son chemin et son âme avec. 

De fort mauvaise grâce, un marmot sale comme un pou jeta le bâton qui lui servait à diriger un petit bateau, se gratta le cul, fit face à Maurepas, le dévisagea puis lui fit signe de le suivre. Il s'élança à vive allure, ce qui obligea Maurepas, saluant la mégère d’un geste rapide, à déguerpir au pas de course pour le rattraper. Ils dévalèrent la ruelle. Elle menait directement au port.  Maurepas reconnut le café de la veille.  À la terrasse, quelques clients buvaient, ou un verre de vin ou un café.  Le patron avec son tablier toujours ficelé par deux tours de cordon s'affairait au nettoyage des tables qui venaient de se libérer. Il ne vit pas Maurepas qui passait dans son dos et sans doute, cela n'eut rien changé s'il l'eut aperçu.  Le marmot s'arrêta net, tendit le bras en direction du bâtiment en pierres de taille, fit demi-tour et disparut sans demander son reste. 

- Merci petit, lui cria Maurepas, encore tout essoufflé.

Il parcourut la centaine de mètres qui le séparait de l'entrée principale, sur le côté de la capitainerie. Enfin, il touchait au but. Il pénétra dans le bâtiment. Il n'y avait personne à part un mauvais bougre affalé sur une banquette en bois. Il reconnut l'un des clodos qui, la veille, dormait enroulé dans une couverture. Un grand type avec une casquette de marin, décorée d’une ancre jaune au-dessus de la visière entra en coup de vent. 

- Pipo, y a pas de travail pour toi, allez fout-moi le camp avant que je te botte le cul.

Le bonhomme se leva avec une certaine nonchalance, il toucha le bord de son galurin. 

- Salut la compagnie. 

- Qu'est-ce que tu veux toi ?

Maurepas resta sans voix. 

- Oh, je te parle gobe la lune.

Maurepas s'échappa sans demander son reste à la poursuite de Pipo qui venait de quitter la grande salle principale de la capitainerie (épisode 40). 

          Feuilleton publié tous les vendredis et les mardis à 19 heures

prochain épisode vendredi 6 mars 2015

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