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Le voyageur internautique
5 mai 2015

19 heures c'est à nouveau l'heure du feuilleton ! épisode 57

maurepas4 n°57

Les tribulations de Maurepas
Troisième partie
Le vent du large.

Épisode 57

La présence de la lune ne rendait pas les choses faciles.  Maurepas réduisit son allure, cherchant à produire un mouvement souple qui créait un remous le moins bruyant possible.  Le silence était total, on percevait simplement le glissement de l'eau le long de la barque. C'était plus une vibration qu'un réel bruissement. L'échelle qui descendait sur l'arrière du Trois-mâts était relevée. La petite embarcation finit sa course pour se caler contre la coque du navire. Maurepas se servit de la paroi pour faire glisser la barque jusqu'à la hauteur de l'échelle. S'il y avait des marins de quart, pour le moment, ils ne l'avaient pas encore remarqué. Une faible clarté, c'était la seule source lumineuse que Maurepas avait observée. Certainement une veilleuse. Une fois à la verticale de l'échelle, il enfila la rame au travers des barreaux de l'échelle, il la fit pivoter, puis, d'un grand coup vers le bas, à l'aide de tout son poids, il la coinça. À l'avant, dans la petite partie couverte, il trouva le cordage d'amarrage au fond d'un caisson. Il l'enroula autour de la taille puis fit un nœud. Après avoir vérifié la solidité de la rame encastrée dans l'échelle, il grimpa en combinant la puissance des mains et le blocage des cuisses. Une fois à la hauteur des premiers barreaux, il se hissa à la force des bras. Il défit le cordage et amarra la barque suffisamment tendu, afin qu'elle ne vienne pas cogner la paroi. Puis il continua son ascension.  À hauteur du bord, il passa la tête, personne sur le pont. La clarté venait d'une veilleuse placée à l'intérieur du roof. Il enjamba  le bastingage, retomba accroupi, attendit un cours laps de temps afin d'écouter si quelques mouvements se produisaient. Rassuré, il se releva, marcha en direction du roof, pour cela il devait remonter tout le bateau. Le mât central était assez large pour masquer son avancée à d'éventuels marins installés sur l'avant. Il se faufila jusqu'au pied du mât, il s'y arrêta cherchant à nouveau à percevoir le moindre bruit, signe qu'il aurait été repéré. Le silence persistant le rassura, il se releva, contourna le mât par la gauche. Ils étaient trois, solidement campés sur leurs jambes.  Chacun d'eux portaient à la ceinture un long couteau recourbé.  L'un des marins avait au bout du bras une matraque de bois qui pendait. Un autre, entouré autour de la main, avait un morceau de cordage terminé par un matelotage. Le dernier se frottait les mains, simplement, comme s'il se les lavait. Le premier coup vint de droite. La corde épaisse, qu'il évita de justesse, continuait de tourner dans l'élan. Elle passa une autre fois très près de la tête et glissa sur l'épaule. Maurepas recula de deux pas.  À peu près derrière lui, il savait la présence d'un cordage, lové sur lui-même. Il dut le contourner sur la gauche et se dégager du pied de mât pour ne pas  se trouver acculer.  Le couteau passa si vite qu'il n'eut que le temps de rentrer son ventre. La chemise eut un léger mouvement, Maurepas se crut touché, les entrailles ouvertes.  Mais ce qu'il prenait pour de la matière sanguinolente n'était que sa transpiration qui faisait se coller le tissu.  Puis ce fut le tour de la matraque, au niveau du plexus.  Si elle ne le heurta point,  ce fut un vrai miracle. D'autres cordages étaient assez proches, de toute leur longueur enroulée, prêts à l'usage, ils formaient un carré sur le sol, un joli arrangement qui n'avait pas d'autre fonction.  Maurepas enjamba l'un d'entre eux en marche arrière.  Il se concentrait pour ne pas s'y prendre les pieds. La fronde passa au niveau de ses yeux, il sentit le souffle provoquer par son déplacement.   L'un des marins, avait contourné le mât et arrivait légèrement sur l'arrière à sa gauche.  Les poings jaillirent de part et d'autre de son buste. L'homme avait l'habitude du combat à main nue, il cherchait à toucher au niveau du foie.  Maurepas se baissa pivota sur lui-même pour contourner le haubanage de la bôme qui barrait sa route en travers. Il obliqua vers tribord, le long du bastingage, pour se garder un côté libre. Maintenant, les trois hommes avançaient de front, d'une marche lente, ils semblaient des automates dont on aurait extrait toute émotion. Ils faisaient les choses mécaniquement, comme mus par un seul objectif. Maurepas essayait de comprendre leur stratégie. Il n'eut pas le loisir d'y réfléchir longtemps, d'autres arrivaient, sortant du roof, portant la même tenue d'apparat. Il se serait agi d'une présentation au capitaine pour une revue qu'ils n'auraient pas été mieux vêtus, leur bicorne vissé sur la tête.  Ils devaient dormir en tenu, pensa Maurepas. Ça le fit sourire de les imaginer ainsi dans leur hamac. Les cinq ou six gars qu'il devina dans la pénombre étaient armés de leur couteau recourbé. Ils se trouvaient sur bâbord et traversaient maintenant le pont pour arriver sur sa droite.  Les trois autres lui faisaient face.  Maurepas sut parfaitement qu'il ne mourrait pas aujourd'hui. Sinon, ce serait déjà le cas.  Contre trois marins robustes, rompus pour le  combat, il n'avait aucune chance, et il devait son salut à autre chose. Les couteaux sortirent de leur fourreau de concert pour être pointés en avant.  La certitude de Maurepas vacilla quelque peu. Peut-être avaient-ils comme projet, de s'amuser un peu, avant de l'écorcher vif (épisode 58). 

           Feuilleton publié tous les vendredis et les mardis à 19 heures

prochain épisode vendredi 8 mai 2015

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