Je marchais.
Je marchais, c'est presque certain. Pour le reste, je suis moins affirmatif. Ou bien, c'était le monde autour moi. Oui, ça devait être ça. Des jours et des jours, immobile. Sur cette route, la nuit n'en finissait pas de finir. L’éclat des phares glissait dans le lointain par le travers du bois. La forêt, elle, se situait de l'autre côté de la chaussée. La ville, mais y en avait-il une ? Je ne saurais le dire avec précision. Les mains dans les poches, je n'attendais plus rien, n'espérant pas grand chose, sinon que la pluie cesse de transpercer ma veste en cuir. Un cuir épais. Une façon de blouson d’aviateur. Elle était là, tout simplement là. Pas plus loin, juste en cet endroit. De sa présence, elle effaçait les mauvaises choses. En ce lieu, elle avait déposé un peu de ce qui rend la vie douce et agréable. Une façon de vous sentir vivant. A nouveau. Ce fut un instant éphémère. Et depuis, j'attends un signe. Je regarde les étoiles. Peut-être me donneront-elles de ses nouvelles. Je sais, c'est idiot. Mais je ne vois rien d'autre à faire. La pluie s'est remis à tomber. Une pluie banale, moins drue, plus légère, portée par une brise assidue qui fait le froid pénétrant. La circulation des véhicules inonde le silence par à-coups. Avec, il y a toujours ce faisceau des lampes à incandescence qui brûle ma rétine. A quoi bon une rétine, si elle n’est pas là. Mon Dieu, faites qu’elle épouvante ce vide qui désormais m’entoure.