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Le voyageur internautique
17 juillet 2020

Maurepas : la suite (épisode 4)

Vent de Guerre : cinquième partie

maurepas-suite

Episode 4

Pivoine avait sifflé. Les chevaux s’étaient arrêtés. Le rapace tournoyait dans le ciel, puis il a fondu sur sa proie. Un lièvre a quitté la terre. Tapi dans l’herbe le mulot ne bougeait plus. La marmotte avait poussé son cri, maintenant elle avait disparu. Un groupe d’hommes, la plupart à pied, trois encore sur leur monture. Ils barraient le sentier qui en cet endroit passait au travers de la roche pour éviter le contournement du piton. La balle siffla pour se loger dans la paroi. Trois attaquèrent Paille, ils éperonnèrent le cheval, il bascula dans la pente. Paille resta agrippé sur la bête tant qu’elle resta sur ses pattes. Lorsqu’elle perdit l’équilibre, Paille sauta dans le vide. Maurepas ne voyait pas bien, toujours derrière le chariot, il entendait et devinait plus qu’il ne comprenait. Une autre balle faucha Thérèse à hauteur de l’épaule. Elle tourna sur elle-même comme une vrille, mais resta sur son siège. Pivoine lança son cheval sur les assaillants, il avait en main un long couteau avec lequel il sabra les deux premiers brigands. Thérèse se laissa tomber de son siège, sous le marchepied se trouvait une lame. De la main gauche elle trancha la gorge d'un gars de dos. Petit Pierre lança son canif en direction de Solange.  Il s'élança vers  le petit groupe de truands, il sauta du cheval, s'accrocha au cou d'un des hommes et lui arracha la moitié du visage à coups de griffes et de dents. Un des truands se jeta sur son dos, mais Solange, au même instant et tout en glissant de sa monture, planta le canif dans le sommet du crâne. Maurepas essayait de se frayer un chemin le long de la carriole. Boris le retenait expliquant que le chariot allait verser. Maurepas devait lutter à la fois contre la paroi et contre Boris qui le retenait par le paletot. Lorsqu'il put enfin se faufiler, ce fut pour constater les dégâts.  Une huitaine d'hommes massacrés, couverts de sang, certains les oreilles arrachées, d'autre les yeux crevés ou bien la panse éventrée.

- Valentin est où ? Questionna Maurepas.

Il s’extirpa de l’amas de corps, il boitait, tentait d’en rien montrer. Son bras était abîmé, il laissait pendre le long du corps. Dans le dos, il avait une méchante estafilade qui le gênait terriblement pour se déplacer. Pour cette raison, il s’était dirigé très vite vers une roche pour s’y adosser.

- Je m’en sors pas trop mal.

- C’était quoi cette embuscade.

- Une compagnie de malfrats, s’écria Thérèse en grimpant sur son siège.

Maurepas les regarda un par un, quelque chose lui échappait et il n’aimait pas ça. À cet instant, il réalisa que Paille manquait. Il s’élança vers Boris, l’attrapa par la botte et le fit tomber de cheval.

- Pourquoi tu m’as tenu à l’écart ?

Boris se releva et ne répondit rien, il se tourna vers Solange. Elle mit pied à terre, s’approcha de Maurepas, si près qu’il sentit l’odeur de son corps. Il eut une soudaine envie de la prendre dans ses bras. Il se contenta de lui prendre la main.

- Pourquoi n’avez-vous pas confiance en moi ? Vous m’avez laissé en arrière. Si vous m’aviez pris avec vous devant, Paille serait encore en vie.

Solange dégagea doucement sa main, lui caressa la joue comme elle aurait fait à un enfant.

- C’est toi qui n’as pas confiance en nous. Pour ce qui est de Paille, on verra bien.

Il retira la main de Solange d’une manière brusque qu’il regretta sur-le-champ. Le geste de colère avait dépassé son intention. Elle le regarda, lui sourit.

- Ne me mettez plus de côté.

Pivoine prit la parole, mais s’adressa à Solange, ignorant Maurepas. « Peut-être n’a-t-il pas tort. »

- Il n’est pas encore prêt.

- Peut-être que si, mais tu es seule juge.

Maurepas avait la désagréable impression qu’on parlait de lui comme s’il n’était pas là.

- Les enfants, vous pourrez reprendre cette discussion un peu plus tard. C’est une bande de vagabonds, mais elle n’est pas au complet. Il ne sert à rien d’attendre le retour des autres.

Tous remontèrent en selle. Maurepas fut le dernier, il aurait bien voulu parler encore, voulu qu’on lui en dise plus. Mais il n’eut pas le loisir de méditer longtemps. Tous s’étaient mis en route et lorsque Boris arriva à sa hauteur, il lui fit signe de ne pas traîner.

Au dernier lacet qui terminait le passage du col de l’Infernetto, ils trouvèrent le cheval de Paille, en piteux état, claudiquant, le flanc sanguinolent, barré par de longues entailles. La patte arrière droite pliée bizarrement.

- Il faut l’abattre, il boite et souffre bien trop.

Solange, une nouvelle fois, ne tint pas compte de l’avis de Maurepas. Elle trancha la question d’un « non » sans appel. Ils reprirent leur progression silencieusement et pas un mot ne fut échangé jusqu’au bivouac suivant.

Episode 5

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