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Le voyageur internautique
18 juillet 2020

Maurepas : la suite (épisode 5)

Vent de Guerre : cinquième partie

maurepas-suite

Episode 5

Les campements succédaient aux campements. Des installations de fortune perdues dans ces plaines arides où ne poussent que la broussaille et la poussière. Ils parlaient peu. Maurepas ne cessait de penser au cavalier qui avançait à bonne distance, sur les contreforts. Cela faisait quelques jours qu’il les suivait. Par moments, il disparaissait ne donnant plus signe de vie pour réapparaître à la tombée du jour ou bien au petit matin. Maurepas avait essayé d’en parler à Solange, elle l’avait regardé, puis était restée silencieuse, pressant l’allure comme s’ils allaient être en retard à je ne sais quel rendez-vous. Ou bien, s’ils étaient à pied, non pour reposer les montures, mais le cul de Maurepas, elle l’embrassait sur la bouche. Pour le faire taire. Une autre fois, ils avaient fait l’amour, parmi les autres qui dormaient. Ou plutôt faisaient semblant de dormir pour leur laisser croire qu’ils avaient un peu d’intimité. De cela, Maurepas était persuadé. Il avait aussi interrogé Thérèse. Elle lui avait répondu qu’en ces lieux, des cavaliers solitaires partaient pour les villes, chercher fortune. Ils préféraient ne pas trop se faire remarquer pour éviter les mauvaises surprises. Ils restaient proches des convois au cas où, mais suffisamment éloignés pour ne pas être pris à partie.

Dans cette marche hors du temps, il arrivait à Maurepas de se demander pourquoi il faisait ça. Que son frère n’était peut-être même pas sur cette Ile de misère où l’on rassemblait les soldats pour un débarquement chez les ennemis. Quels ennemis, cela n’avait pas de sens pour Maurepas. Aller chercher querelle à des barbares lointains qu’on ne croisait que dans certains ports. Avec lesquels on faisait affaire, ou pas. Si la marchandise ne convenait pas, ça se réglait à coup d’insultes, au poing quelquefois. Mais est-ce que ça valait le prix d’une guerre.

Maurepas s’approcha de Boris, qui pour une fois cheminait seul sur sa monture.

- Tu n’es pas né en la Ville Franche ?

- Non.

- Tu viens d’où avec un nom pareil ?

- De loin, de la neige et du froid, là où le vent est parfois si glacial qu’il te fait les oreilles en carton.

- Comment en es-tu arrivé à travailler dans cet hôtel borgne ?

- C’est une longue histoire mon ami.

- On a tout le temps pour ça.

- Comme tu veux. Peut-être ne vas-tu pas aimer ce que j’ai à te dire ?

- Dis toujours, on verra bien.

L’homme qui cheminait sur le lointain, s’était quelque peu rapproché. Il cherchait à regagner la plaine, espérant certainement trouver de quoi nourrir sa personne et sa monture. C’était l’hypothèse de Maurepas. L’homme prenait beaucoup de risques à mener le cheval dans la pente. Le cheval bien campé sur ses pattes arrière se glissait avec agilité dans les passes pierreuses. Un nuage de poussière se soulevait à chaque avancée. Par à-coups, il bondissait pour se rétablir plus bas. Le cavalier menait sa bête avec dextérité. Le soleil venait flirter avec la colline. La lumière matinale se déversait sur la plaine, chassant le peu de fraîcheur délaissée par la nuit.

l'histoire de Boris : épisode 6

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