Chanson pour les mariniers
Quand les tombes endeuillent le canal
De leur cheminement monotone
Quand le ciel écrase l'horizon
Pour en clore les quatre coins
Alors caché sous la couette
Je me rappelle de ces envolées
Où les hirondelles de ta main
Venaient dénoncer la lumière
De ton visage
Quand les maisons bâchées de laideur
Comme des cargaisons de pluie mauve
Se sont échouées au bord du monde
Quand tout devient petit
Alors je me souviens
De la délicatesse de ton parfum
Du voyage infini dans lequel
Il me jetait
Et de la lumière de ton visage
Quand mon regard se noie
Dans les ondulations marécageuses
De la cité qui hurlent son ennui
Quand les distances s'effilochent
Je dépose mon visage au creux de mes bras
J'abaisse les paupières
Le rideau se lève
Et commence le spectacle
De toi qui me sourit
Et renaît la lumière sur ton visage