Théâtralement vôtre
Aller un dernier pour la nuit ...
Dans le soir se trame le drame
Côté cour il y a les spectres
Côté jardin il n’y a rien
Rien que le creux de tes reins
Car sur le plancher
Je ne vois que toi
Et les spectres
Plus exactement
Je ne vois que moi
Seul sur la scène
Pièce en un acte
Pour une tartuferie
Des loges on entend
Tout doucement
S’enfler des poumons
S’entrouvrir des bouches
S’échapper de leur cage
Des dents
Des langues
Et des œils
Les regardeurs
Se sont endormis
Au cours de ce rêve
sans l’ombre d’une couleur
Que jette les acteurs
Quand ils sont saouls
Et tombent et tombent
Tombent inlassablement
Les pantins comme la pluie
Ce soir le théâtre
A fermé ses portes
Le drame c’est cela
Des portes qui se ferment
Des trappes qui s’ouvrent
Et les souvenirs
Exécutés par de grands
laminoirs
S’y enfouissent
A tout jamais
Car il faut laisser la place
A l’Hamlet
A l’Ophélie
et toute la troupe