Travestissement pour une danse macabre
Je ne peux pas être une fille !
Voilà ce que je crie tous les matins dans mon délire
Quand l'aube déshabille la nuit
Lorsque de mon rêve s'échappent jupes plissées et chemisiers blancs
Mais alors que fais-tu là si près de moi
Allongée à mon côté dans cette position lascive
En le délice de ton sein je devine un frémissement de peau
Qui nous rend tellement proche
Que nous en sommes confondus
En plein émoi, si intimement enlacés
Désir de n’être plus qu'un étirement de soi
A qui dois-je de découvrir, quand vient la rosée
Accompagnée d'un voile rafraîchissant la pâleur de la lune
Douce sœur, en ton corps mon corps marié
Lorsque tu m'appelles de tes bras
Dans une danse incestueuse
N'es-tu pas plutôt l'amante enivrante pressentie
Au moment même où le soir revêt ses habits de tristesse
Pour embaumer ce parfum floréal qui exulte de ta chaire
En effluves de printemps qui endeuillent ma rêverie
Pourquoi faut-il que le nuit finisse
Que ta beauté étrange se dissémine
En une succession de déchirements
Creusant en ton cœur cette béance
De laquelle s'échappe en jets successifs
Le sang qui nous a nourri tous les deux
Il tombe là, à mes pieds inondant le carrelage
Entourant la baignoire d'étain d'une auréole écarlate
Ce n'est pas toi qui saigne ainsi
Puisque celui qui meurt n'est autre
Que ce frère aimant qui t'a portée en lui
Comme la sépale quand elle ensorcelle
Les étamines en une corolle qu'elle insémine
Je sais bien que la ronde nocturne
Aux saveurs toutes féminines de camélia
M’octroiera pour tout souvenir
Une larme de bonheur
Quand l'aube s'en ira
Laissant la place à celui qui brûlera le ciel
De vapeurs incandescentes
Pour ne plus entendre ces jérémiades
Elles alourdissent la destinée des hommes