Chronique aléatoire d'un jour sans vent
Le sans gêne !
Vous n’allez pas le croire, nous étions tous les trois réunis, moi, ma bonne conscience et ma mauvaise conscience. Ce n’est pas si souvent que cela arrive, par habitude nous préférons nous ignorer de manière ostentatoire. Mais, une fois n’est pas coutume, nous voici autour du repas. La table était dressée pour trois ça tombait bien, nous l’étions. Comme dans l’histoire des ours, tout allait par trois, trois serviettes à carreaux, pour ne pas se salir, des verres à moutarde, qui n’en contenaient plus, ça tombait bien, fourchettes et couteaux, à bout rond en cas de dissension ça évite l’éventration, et donc les urgences qui sont toujours bondées à cette heure du soir. Je vous passe les petites cuillers, vous verrez pourquoi à la fin. Bref on était tranquille. Eh bien qui que v’la, le bec enfariné. Je vous le donne en mille, le diable. Personne ne l’avait invité, mais monsieur, sans gêne aucune, se pointe, attrape une chaise du salon et hop, il s’assied. Pile entre ma bonne conscience et moi. Tous les trois on a vite compris ses manigances. Il voulait s’accoquiner avec ma mauvaise conscience. Alors d’un seul homme, et ce n’était pas plus mal car au final il n’y en avait qu’un, on s’est levé. Et sans dire un mot on est parti, laissant le diable tout seul devant la table, le regard médusé. De toutes façons, c’était saucisse purée, réchauffés de la veille, et y il n’avait pas dessert. D’où la question des petites cuillers, et de leur absence.
Moi de mon côté, je me suis dit, soirée foutue pour foutue, allons faire un saut chez Lulu, y a rien à manger, mais on n’y va pas pour ça. Et bien vous ne devinerez jamais qui j’y ai retrouvé !
Ma mauvaise conscience et ma bonne conscience bras dessus bras dessous avec Lulu ! Du coup je me suis joint à eux. Pour une fois qu’on était d’accord sur quelque chose on ne pouvait rater l’occasion…