Au pays des Bisounours, qu’il fait bon vivre.

On se dit « bonjour chez vous ». Ils ont un horticulteur qui s'occupe du gazon. Il est coupé bien ras, pas une brindille ne dépasse, pas un pissenlit, ni même un coquelicot, encore moins une ortie ! Car si tel était le cas, il serait ôté immédiatement. C'est un joli endroit où l'on papote, on y parle de tout, à la condition d'être raisonnable, car il faut bien raison gardée pour la protéger. Ainsi sous son globe doré, elle parade, se montre et dévoile ses atours. Elle fait de belles arabesques, à son meilleur jour, elle se fait voir.

L'autre fois, une armée de pucerons a décidé de se régaler de ce gazon, un coup de détergent et nous voilà tranquilles. Toutes ces petites bêtes peuvent vous grimper sur le dos, puis vous déranger  dans votre douce quiétude. Allons bon, vous voyez bien qu’elles importunent avec leurs façons de poil à gratter.

Car c'est bien vrai, les Anglais vous le confirmeront, et il n'y a pas plus sérieux que les Anglais en ce domaine, un gazon, c'est la preuve que tous les Bisounours sont heureux, en leur chez-soi. Point de peccadilles, ni trouble-fêtes. En leur tour d'Ivoire, ils observent le monde comme il va. Et il va bien mal puisque des Héraklions y sèment le trouble à l'ordre. Mais en leur chez-soi, le gazon y est doux, il fait bon s'y étendre.

J'oubliais une seule chose ! Après s'y être ainsi étendu, et avoir profité à loisir du gazon, sans trop abuser, ça va de soi, il faut quitter ce monde des idoles qui paradent derrière leur castelet et repasser de l'autre côté de la muraille, si haute, si épaisse, à la masse imposante, pour se retrouver en un lieu où pousse la mauvaise herbe.

Il ne s'agit ici que d'un pays imaginaire, il n'existe pas, bien entendu. Mais si par inadvertance une personne se trouvait choquée par de tels propos, elle peut ajouter un commentaire, et toute information malveillante serait ôtée, diligemment.

signé N°6