Au château (suite)

Des nouvelles du Haut Château

Dans le Haut Château, on parle pour faire tourner le moulin à mots. On broie du sens pour produire du polissage. Alors le silence devient assourdissant. Ce silence produit du non-signifiant. Il a la forme d’un trou rempli de vide qui laisse deviner la place manquante où les êtres se parlaient jadis. Ils parlaient de tout et de rien, ils plaisantaient aussi, s’amusaient d’un mot jeté par mégarde. Mais au milieu de tout ce méli-mélo, il y avait la place pour l’élaboration de pensées sérieuses.

Le Haut Château ne pouvait pas comprendre qu’il en fut ainsi. Il y avait là une partie des paroles qui lui échappait. Alors il préféra les vouer aux gémonies plutôt que d’accepter une telle situation. Il a invoqué des mots étranges, reprit ceux des autres pour les faire siens tout en dénonçant l’idée qui était défendue. A force de verbiage, de tourner le pour en la forme du contre, tous se sont tus.

Alors, le Haut Château - les gens du Haut Château - ont mis leur plus beau chapeau, un bel habit, ils se sont saisi d’une canne à tête de perroquet et ils s’en sont allés visiter des messieurs pour leur parler du temps qu’il fait, ou bien de la pluie et du beau temps. Ils pourraient tout aussi bien parler de choses importantes, avec des plumes là où je pense, puisque les mots se sont enfuis, en les voyant arriver.

Au château (autre humeur du moment !)

A bon entendeur…