Chapitre 12 en forme de réponse au chapitre 11

Chapitre 11

14h12 : Y a-t-il un monde dans lequel je me dédouble ? J’ai la sensation étrange de ne pas être seul.

14h28 : J’ai à la fois peur et à la fois je ressens une sorte de plénitude. Je voulais faire le tour du lac, mais je me suis arrêté sur la rive. A cet endroit il y a une petite plage sablonneuse sur laquelle se penche un saule pleureur. Il s’élance vers le ciel pour plonger tout à coup dans l’eau étrangement calme. Une légère brume s’élève. Derrière le saule un chêne immense s’accroche au brusque effondrement du terrain.

14h50 : J’en suis certain, je ne suis pas seul.

14h52 : Le clapotis de l’eau a cessé lorsque je me suis approché. On aurait dit que quelqu’un s’était éloigné lorsque je dirigeais mes pas vers le bord du lac. La brume a disparu.

14h55 : Dans le bosquet, juste là sur le côté, ça a bougé, une agitation soudaine. Mais pas d’oiseaux. Il manque un envol.

15h30 : J’ai raté le cours de SVT.

15h45 : Il n’y a personne en cours, la salle est vide. Plus exactement le collège est vide. C’est comme s’il y avait eu une alerte, ou quelque chose de grave et que tous ont quitté les lieux.

15h47 : Non ce n’est pas ça, car aucun sac nulle part, pas la moindre feuille, aucun papier ne jonche le sol. Pourtant on est le 15 mai et il devrait y avoir cours.

16h10 : Je me suis installé dans la salle de perm pour manger le sandwich que j’ai acheté au distributeur. Il est périmé et tout gris. J’ai faim.

16h50 : Du couloir j’ai entendu quelqu’un crier. Il y a donc au moins une personne. C’est une fille. A la voix j’en suis certain. En plus elle ne m’est pas inconnue cette voix.

17h01 : Je suis à nouveau dans la salle de SVT, c’est Kenza qui parle toute seule. Elle est timbrée cette nana.

17h05 : Au départ j’ai pensé qu’elle faisait ça pour m’ignorer. Comme toutes les filles du collège. Mais en réalité elle ne me voit pas, mais elle m’entend. Elle s’adresse à la prof de SVT qui n’est pas là. Elle a des allus. Elle est vraiment timbrée.

17h10 : J’ai beau gueuler « Kenza » ou encore « je suis là ». Elle se tourne vers moi, et, comme si j’étais transparent, elle continue à parler à travers moi.

17h11 : Je la suis dans le couloir.

17h15 : Elle est devant la porte de la psy, elle attend quelque chose.

17h20 : J’suis con, elle attend qu’on lui ouvre. Je vais lui ouvrir on va gagner du temps.

17h30 : Elle parle à la psy dans une salle complètement vide… A part nous deux… Enfin si on peut dire. Elle complètement con cette psy. Avec ça elle est toujours habillée stricte on dirait une garde chiourme. Elle a les cheveux tout raides et noirs comme du charbon. Avec son rouge à lèvre on dirait blanche neige quarante ans après sa rencontre avec le prince. Il n’y a que ces yeux de sympas. Ils ont quelque chose d’apaisant. Ils sont bleus très clairs comme l’océan. J’aime bien ses yeux, moi ils sont marrons. Yeux de cochons comme dit ma petite nièce. Elle aussi elle conne. Petite mais conne.

17h40 : Voilà j’en étais certain, Kenza pense qu’elle est folle.

17h50 : Mais l’écoute pas bordel, t’es pas folle. Je retire ce que j’ai dit tout à l’heure, c’était pour déconner.

18h01 : Pourquoi elle ne me voit pas. Puis pourquoi c’est silencieux comme ça dans le collège. Et puis pourquoi dehors y a personne. Pas même les pigeons qui chient partout. Et puis pourquoi je me rappelle rien. Juste ce putain de lac où je vais jamais. Pourquoi j’suis allé à ce lac…

18h0l et 30 secondes : y a bien une raison…

18h01 et 32 secondes : mais la quelle ! 

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Comments

[crylie]

J'aime beaucoup la fiction "kenza" de base et franchement j'avoue que ce chapitre la que tu as fait c'est vraiment beau ! :)

[kenzabebechou]

Sa me touche tellement se que vous avez fait c'est magnifique,tout simplement magnifique,tout la manière dont vous écrivez enfin,c'est magnifique !