Des nouvelles du royaume des morts... lettre d'Arturo

Lettre d'Arturo

Je garde le principe de la lettre, mais celle-ci n’est pas du même auteur. Je me présente, je suis Greg Arturo-Reverte. Tout d’abord, vous n’aurez plus de nouvelles de Simon. Il ne s’est jamais présenté, mais son prénom, c’est Simon. Il n’en sait pas plus sur son identité, car il a été victime d’un grave accident. On l’a retrouvé errant sur la route, plongé dans une profonde hébétude. D’après les médecins qui se sont penchés sur son cas, il aurait subi un choc électrique d’une très forte intensité. À mon avis, il n’en est rien. C’est la conséquence qui marque la naissance de son aptitude à passer. Je ne sais pas trouver d’autre mot. Seul lui peut rendre compte. Pour moi, c’est un peu comme s’il se glissait entre deux cloisons. Sauf qu’il n’y a pas de cloisons, après. Même ce « après » n’a aucun sens, car il n’y a pas d’après, il reste une sorte de nausée, de mauvais rêve, de dépersonnalisation, j’ai été expulsé de moi. Il m’a fallu beaucoup de temps pour apprendre à ne pas me scinder. À chacune de ces expériences, j’en ressors comme si j’avais traversé un rêve, un rêve éveillé, mais un rêve quand même. Peu importe.

 Il n’a jamais voulu rien savoir de son identité. Une sorte d’appréhension. Justifié au demeurant. Avec lui, la porte qui ouvrait sur les ténèbres s’est refermée. Il fallait pour cela qu’il retrouve un morceau de lui, de ses souvenirs. Il fallait qu’il soit enfin LUI. Qu’il soit mis en face de ses responsabilités, du pacte qu’il a conclu. Pas vraiment lui, mais les siens. Un pacte avec l’outre monde. Il est le descendant des Maurepas, le dernier. Enfin ! Ce sont des puissances machiavéliques qui anéantissent tout sur leur passage. Il fallait débarrasser la planète de ces monstruosités. Lui n’avait pas encore œuvré, il était tout proche de le faire. J’ai tout manigancé pour le piéger, pour le détruire, pour le renvoyer d’où il vient. Progéniture issue d’une longue lignée générée d’un pacte diabolique, mariage d’un vivant et d’une morte arrachée de terre et jetée sur l’autel d’une église.

Ce reportage sur l’outre monde se termine avec la disparition de son envoyé spécial. Pour ma part, j’ai d’autres tâches qui m’attendent. Je dois retrouver ma place parmi un autre monde parallèle. Nous œuvrons pour la cause, nous gouvernons un peuple tentaculaire que maintenant plus personne n’a le pouvoir de détruire. Vous le connaissez très bien, il est à vos portes et pourtant, vous ne le voyez pas, vous traitez avec lui sans le savoir, il est celui qui vous dirige, vous êtes les marionnettes, nous sommes les marionnettistes. Ce monde, n’est pas un outre monde, c’est celui de la pègre.

Arturo