La touche finale

Nouvelle écrite par

OliviEr IssAuraT

22h35 Paul Patterson était à son bureau. La lumière de la lampe découpait un cône dans la pièce.  Une teinte orangée partait à mi-hauteur, une teinte atténuée par l'abat-jour. À l'angle du meuble, une fumée bleutée s'échappait du cendrier. Paul se saisit de la Gauloise qu'il porta à ses lèvres.  C'était un geste machinal qu'il faisait sans y penser. Inspirant profondément, noyant ses poumons d'une volute apaisante, le nez en l'air, il réfléchissait. Ce moment intime qu'il nouait avec la cigarette faisait partie du processus d'écriture. Patterson appartenait à cette catégorie d'écrivains qui empestait le tabac froid. Les doigts jaunis par la nicotine, les dents abîmées par le tabac.  Rien n'y faisait.  Pas plus les patchs que l'acupuncture et encore moins que la thérapie. S'il avait utilisé l'argent dépensé dans cette mascarade à payer les frais d'avocat, il aurait tiré meilleur parti de son divorce. Mais son souci du moment n'était pas ceux-là. Il arrivait à la fin de son dernier roman, il tenait l'idée, le style y était, cependant, il hésitait. Le paquet de cigarettes y était passé.  Plusieurs fois, il s'était levé de son fauteuil en cuir capitonné aux larges accoudoirs, pour aller à la fenêtre.  La nuit apaisait ses angoisses.  Il aimait l’ambiance de la ville à ces heures tardives, la rue éclairée par le lampadaire qui donnait devant son portail. Une pluie légère ricochait sur l’asphalte.  Patterson avait même entrouvert les battants pour entendre le petit bruit de l’eau et laisser pénétrer un filet d'air frais. Il posa son stylo, se servit un dernier verre de scotch. Oui, ce serait le dernier.  La bouteille était au trois-quarts vide.  Essayant de s'en persuader, il éloigna la bouteille. Sirotant son whisky, il s'appuya en arrière, le fauteuil s'inclina ce qui eut pour effet de faire crisser le cuir, un peu. Il observa le plafond un moment, vida d'un trait son verre, il le reposa, hésita et se resservit.  La bouteille encore en main, il allait la remettre en place, se ravisa, ajouta encore une bonne rasade.

Le corps de l'inconnue gît sur le sol. La robe dévoile de longues jambes magnifiques. Elle a un corps parfait. Ses lèvres d’un  rouge carmin, luisent dans la pénombre. 

Lire la suite (texte entier au format pdf)

version en Epub (pour liseuse)

---