Il est temps mes amis de partir à nouveau du côté Rebelle
J'affrète mon esquif, je prends quelque nourriture pour ce voyage dont la route m'est bien connue. Mais gardons l'esprit clair, la vision fixée sur l'horizon qu'il faut savoir détramer. Je sais les amers par cœur, il faut juste après les larmes reflétées par la lumière bifurquer soudainement pour contourner l'étang. Prenez garde amis vagabonds de ne pas trop y plonger le regard, vous pourriez être saisis d'un rêve déposé en plein silence au creux d'un banc. S'y déposer est recommandé, y entrer est à vos risques et périls. Une fois l'onde légère - d'un obscur si parfait qu'il y est tombé le couchant du soleil - contournée, laissez vous guider par ce frêle parfum. Il est important de n'en point dire trop à ce sujet, il faut se laisser porter. Si vos sens, vous n'avez pas trahis par une quelconque félonie, alors naîtra l'aube de son cœur qui vous offrira cette chance d'être auprès d'elle, de son esprit rebelle. Attention, vous vous croirez arriver à bon port. Ce n'est qu'illusion, déferlement d'impressions, décoloration du réel, car il y a là, une terre à traverser, un moment où il vous faudra être vrai, ne pas vous complaire dans des habits de lumière. Le cimetière marin attend le voyageur pour un repos si profond qu'il est parfois difficile de ne pas s'y arrêter définitivement.
Alors, seulement, vous pourrez accoster en terres rebelles.
Il y a, paraît-il, des petites libellules bleues qui s'y arrêtent.
Adossez-vous à un arbre, déposez votre bagage, essuyez votre front d'un coup de mouchoir - en dentelle, c'est nécessaire - écartez un peu les pans de votre chemise pour laisser s'y déposer la chaleur de l'endroit, ouvrez les yeux et respirez profondément.
C'est tout.