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Le voyageur internautique
11 mai 2020

Chronique d’un enfermement : jour 2

Chronique d’un enfermement

Les couleurs dans une fiction écrite se résument à du noir sur fond blanc… Sauf quand un emmerdeur écrit des âneries en rouge !

accès début (jour3)

enfermement coul

Plus rien n’avait de sens. A part le voisin fou du dessus, le gardien, la voisine et ma femme.

Lorsque j’étais rentré la veille au soir, ma femme m’attendait derrière la porte, angoissée et apeurée. Elle craignait qu’il me soit arrivé quelque chose. J’expliquai posément, que, en effet, il m’était arrivé quelque chose et je racontai mon valdingue en vélo. J’en rajoutai un peu pour que cela paraisse plus spectaculaire.

- Je ne te parle pas de ça, mais de contamination.

Moi, c’était mon accident qui avait de l’importance. Je lui montrai mes bleus, un au-dessous du genou, un autre au bras. Ce dernier, c’était uniquement pour la frime, car il n’avait rien à voir avec la chute. Une porte ouverte à toute volée était arrivée à ma rencontre et je l’avais évitée avec le bras. Contrairement à moi, dans la boîte où je travaille, il y a des gens pressés. On n’imagine pas le nombre d’accidents liés au surmenage !

De mes hématomes, elle n’avait rien à faire. Je lui parlai alors de la milice qui patrouillait devant chez nous.

- T’écoutes jamais rien, aux informations, ils nous avaient prévenus de l’arrivée de la nouvelle police.

- C’est quoi ces salades, lui rétorquai-je.

Elle soupira profondément, et abandonna les explications sur un « Tu me fatigues, je n’ai pas que ça à faire ! »

Le lendemain matin, je m’installai pour le petit-déjeuner et les provisions manquaient, rien de surprenant, on était une veille de courses.

- Chérie, demain, tu prendras des pancakes américains, y en a plus ! Et aussi de la confiture de figues ! précisai-je tout en finissant le pot.

- Y aura pas de courses tant que durera la pandémie !

J’avais oublié cette information. Je demandai des explications, pour toute réponse, le journal atterrit sur la table. Il portait un nom que je ne connaissais pas : ‘L’Etat vous informe’.

- C’est quoi ce torchon !

- Mon lapin – quand elle commence par mon lapin, c’est qu’elle me prend pour imbécile et veut ménager ma susceptibilité, ce qui a pour effet de la décupler – Mon lapin, ne sais-tu donc pas que les médias ont été réquisitionnés pour assurer une diffusion coordonnée des consignes de confinement.

Ce qui m’énervait au plus haut point, c’était que tout paraissait habituel. Comme si ces évènements duraient depuis un moment. J’ouvris quand même le journal à la page infos pratiques et je trouvai un article qui expliquait que les magasins d’Etat qui se chargeaient de l’approvisionnement quotidien des ménages, allaient passer en mode restreint. S’ensuivait une liste de ce qui serait distribué à partir de dorénavant. Dans la liste, pas de pancakes et encore moins de confiture de figues. Je criai ma détresse.

- Mon lapin – deuxième crise de susceptibilité à l’horizon – ça te fera le plus grand bien, le médecin a dit que tu devais perdre au moins cinq kilos.

Si bien des choses avaient changé, toutes plus étranges les unes que les autres, les cinq kilos que je devais perdre, eux étaient toujours là !

Je me replongeai dans le journal pour trouver des informations sur cette étrange pandémie. La réponse se résumait à ‘on ne sait pas la soigner, mais on fait tout pour’. J’allumai la télévision pour me distraire, aucune des chaînes qui m’étaient habituelles ne s’affichaient.

- Chérie, pourquoi on n’a pas Canal ? Y a un problème avec la box ?

- Parce que t’es au courant de rien, il n’y a plus que la chaîne d’Etat et à cette heure, ils passent ‘Les Envahisseurs’.

- Cette série date des années cinquante ! Et William Chatner joue comme un pied là-dedans !

- Fin des années soixante mon chéri et ce n’est pas William Chatner qui joue comme un pied, mais Roy Thynnes.

On est dans la quatrième dimension, pensai-je en regardant par la fenêtre. Les arbres se balançaient au gré du vent qui soufflait en rafales. Dans la rue, personne sauf le gardien qui vidait son seau d’eau crasseuse tout en fumant sa cigarette.

Quand je repensai à ces deux journées, tous les éléments étaient déjà réunis pour alerter l’esprit alerte qui m’habitait… Mais il n’en fut rien !

Jour 13

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