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Le voyageur internautique
15 mai 2020

Chronique d’un enfermement : jour 61

Chronique d’un enfermement

La promenade de la fiction, se fait avec les pas potentiels du protagoniste de l’histoire… Lorsque ce dernier se déplace, est-ce que le décor suit ?

accès début (jour3)

enfermement coul

Quel crétin ce joueur de dames !

Il a gagné toutes les parties. Au départ, je n’ai pas compris pour quelle raison il voulait m’affronter. Je ne suis qu’un piètre compétiteur et il est un des meilleurs du camp. Je n’ai réalisé qu’au moment de nous séparer, il voulait faire partie de mon organisation. Discrètement, il a retourné sa main, il avait le signe. Je lui ai expliqué qu’il n’y avait pas d’organisation, mais cet imbécile a cru bon de me faire un clin d’œil complice lorsque nous nous sommes séparés.

Ce matin, l’appel a duré plus longtemps que d’habitude. Les miliciens n’étaient pas d’accord sur le décompte, ceux des travées obtenaient un nombre différent de ceux qui comptaient en colonnes. Il a fallu faire appel à chef. Le chef s’est révélé pire que tout. Il a tenu à faire le décompte lui-même pour trouver qui était dans le vrai et méritait une promotion. Il a trouvé un nombre de présents encore différent des autres. Avec le coup de la promotion, ils ont tout recommencé. Je crois que c’est le drapeau qui nous a sauvé, le commandant du camp s’est mis en pétard, car ils avaient oublié de hisser les couleurs. Promotion pour personne et engueulade pour tous.

Je suis fatigué par toutes ces simagrées. Je continue d’arpenter le camp à la recherche de Simon, mais je n’y crois plus vraiment. Je vais longer la voie de chemin de fer, c’est la suite de ma promenade habituelle. J’espère toujours découvrir la forêt et ses chasseurs, mais rien. Les rails sont à leur place et la forêt aussi, dans le lointain, recouvrant les collines.

Il y a du bruit derrière moi. Je n’ose pas me retourner. D’abord, je vérifie discrètement que je ne suis pas dans la zone interdite. Elle est à une distance respectable. Je m’arrête, le bruit cesse. Une peur soudaine m’envahit, une peur irraisonnée. Je sens que ma promenade ne se déroule pas normalement. Habituellement, personne ne s’occupe de moi, tous sont rassemblés près du terrain de foot et les miliciens sont dans leur baraquement à boire des coups. Après l’appel, on ne les voit plus pendant un bon moment. Il y a ceux de faction, mais ils se placent à des endroits stratégiques et n’en bougent plus.

Je reprends ma marche et je tourne au coin du bâtiment pour passer derrière et longer l’ancienne gare de triage. Je décide que je tournerai brusquement à droite, il y a un muret, je pourrais m’y cacher et observer ce qui se trame derrière moi. Le bruit vient d’un peu plus loin, mais il s’amplifie. L’angle formé par les murs n’est plus qu’à quelques pas. Je suis tenté de me retourner, mais n’en fais rien. De ce côté, on bénéficie d’un peu d’ombre, à cette heure de la matinée, le soleil n’est pas encore à son zénith et il est masqué par l’avancée de la toiture. Il sera donc encore plus difficile de remarquer ma présence.

J’ai bifurqué soudainement et j’ai plongé au sol derrière le muret. Un type passe à ma hauteur, il s’arrête. Bien planqué, je peux l’observer silencieusement. Je veux d’abord savoir qui est cet homme.

- Tu le vois ?

Ils sont deux.

- Non, il a disparu !

- Alors lui, réussir son coup !

Ils sont au moins trois.

- Il est là !

Le premier type m’a repéré, ma planque n’était pas si efficace que ça. Découvert, je décide de quitter mon abri. Je suis plein de poussière, je m’époussette pour avoir une allure présentable. Ce qui est complètement idiot, mais j’ai le sentiment que si je suis présentable, le normal de la normalité prendra le dessus. Lorsque je relève la tête, je découvre tout un tas de gus, ils attendent que je dise quelque chose.

- Pourquoi me suivez-vous ? me paraît une bonne entrée en matière.

- Nous vouloir partir avec toi !

- Mais c’est quoi ce cirque, je ne vais nulle part.

- Nous autres avoir le signe aussi !

Ils lèvent tous leur main gauche et je peux voir qu’ils ont l’étoile à cinq branches dessinée dessus.

- D’où vous vient cette idée ?

- Ce sont les Rwandais qui ont organisé le voyage.

Les Rwandais, je ne comprends pas de quoi il est question et surtout, je ne vois pas le rapport avec ce signe sur leurs mains.

- Toi venir avec nous, baraque là-bas.

Je suis tenté de leur dire que premièrement, la baraque des Rwandais, je sais très bien où elle se trouve et que deuxièmement, ils aillent se faire foutre avec leur étoile à cinq branches. Ma curiosité l’emporte. Je décide de les suivre.

Jour 62

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