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Le voyageur internautique
25 avril 2020

Chronique d’un enfermement : jour 45

Chronique d’un enfermement

Si ce n’est pas moi qui écris, mais l’auteur, suis-je une fiction de mon récit ?

accès début (jour3)

enfermement coul

Nous étions tous les trois installés devant la télé à regarder la chaîne d’Etat. Elle expliquait en long et en large que les émeutiers avaient été arrêtés, qu’il s’agissait de hordes barbares et qu’ils allaient être raccompagnés à la frontière dans le respect du droit à l’homme d’être un individu. En réfléchissant pour la première fois à cette formulation sur le droit, je me rendis compte qu’elle ne voulait rien dire. Les images montraient des rues et des avenues dévastées par les émeutiers. On voyait une foule qui courait en débandade, poursuivie par des hordes de miliciens qui avaient tous l’air de barbares.

- Ce sont des conneries !

Simon toujours face à la fenêtre venait de parler. Nous nous regardâmes quelque peu interloqués, mais il n’ajouta rien. C’est Bassem qui intervint en se frappant le front.

- Il a raison, ce jour-là, j’y étais, les images datent d’au moins trois jours.

- Quatre ! précisa Simon fixant toujours le ciel à la recherche des hordes de Tortors.

Nous le dévisageâmes, réalisant qu’il était beaucoup plus attentif à ce qui se passait que nous l’aurions pensé, y compris Bassem.

- On pourrait demander au gardien ? lançais-je à la cantonade.

J’expliquai à Bassem et Simon que le gardien avait une épouse qui avait elle-même une sœur dont le cousin était milicien et que…

- Je crois qu’ils n’ont que faire des histoires de famille du gardien, va plutôt le voir !

Je me levais, marmonnant dans ma barbe que ma femme avait le don de m’exaspérer. Elle savait toujours mieux que tout le monde. J’en étais là de mes réflexions lorsque je me trouvais nez à nez avec le gardien, le poing en l’air comme s’il s’en allait manifester le 1er mai. Ce qui n’était pas dans ses habitudes. Il est plutôt conservateur dans l’âme parce que sa sœur… enfin bref, il était là devant moi, s’apprêtant à tambouriner sur la porte.

- Monsieur Bortoli, faudrait pas rester chez vous, la milice arrive.

Je posais une question idiote, mais pour la première fois, je m’en rendis compte tout de suite, signe que je progressais « Qu’est-ce qu’ils peuvent bien nous vouloir ? »

- Votre femme n’est pas concernée, c’est vous. Avec les vidéos surveillance, ils vous ont repéré au cours d’une émeute avec les barbares. Ah, bien le bonjour messieurs heu…

Manque de chance les barbares avaient déjà débarqué dans l’immeuble. Gardez vos poules et vos poubelles, surtout si elles débordent ! a dû penser le gardien avant de poursuivre.

- … bon, ben, j’y vais ! dit-il tout en rajustant sa gapette.

- On est mal barré, proposais-je afin de conclure mon propos par une maxime de mon cru.

Je me demandais où étaient mes papiers, prêt à obtempérer avec la force publique et m’excuser auprès de mes pauvres amis qui allaient être embarqués pour une destination inconnue. Je ne me rappelais plus où se situait le camp dont on avait parlé. Pendant que je me creusais les méninges, je fus rappelé à la réalité par l’intervention d’une douce voix féminine.

- Tes papiers sont dans le tiroir de la commode, celui du haut.

Ma femme avait une capacité à deviner mes pensées qui m’effrayait et j’en arrivais à la conclusion qu’elle était peut-être un Tortors qui vivait caché chez moi.

- Je sais comment on va s’en sortir, suivez-moi… T’as trouvé tes papiers, empoté sans malice ! On n’a pas la vie devant nous !

Jour 46

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