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Le voyageur internautique
2 mai 2020

Chronique d’un enfermement : jour 52

Chronique d’un enfermement

Si la sœur de mon ami est virtuellement présente dans mon récit et que par voix de conséquence, lui aussi, est-ce que cela ne risque pas de perturber la réalité que nous partageons en dehors de la fiction de ce débat idiot ?

accès début (jour3)

enfermement coul

‘Camp de Vernet’ Voilà ce que j’eus le temps de lire avant de m’affaler sur le sol. J’étais installé dans un baraquement qui puait l’urine et les excréments. Ces effluves s’échappaient d’une tinette en bois installée tout au fond de ce local immonde. Au moins nous avions eu distribution d’eau et de nourriture. En parlant de nourriture, mes casse-croûtes camembert avaient rejoint la tinette. Tous les occupants semblaient figés dans une attente intemporelle. Quelques-uns jouaient aux dames avec des capsules, d’autres qui avaient la chance de posséder des dés jouaient au 421. Ils s’amusaient à parier la prochaine tournée d’apéritif, comme s’ils étaient dans un bar avec les copains.

Au bout d’un long temps d’inactivité, je me décidais à faire le tour de chacun pour leur demander s’ils avaient entendu parler de Simon et de Bassem qui avaient dû, eux aussi, atterrir dans ce camp d’internement. Bien peu parlaient le français ou bien approximativement. Mais très vite, j’arrivais à la conclusion que personne n’en avait entendu parler. J’avais pourtant fait preuve d’inventivité, imitant Simon au garde-à-vous le nez en l’air scrutant les étoiles. Mais j’avais vite oublié cette idée à voir le regard intrigué de ceux qui m’observaient et la façon dont il pointait le doigt à hauteur de la tempe de manière significative.

Un peu plus tard dans l’après-midi, on eut droit à une promenade à l’intérieur du camp. Quelques personnes jouaient au foot avec une boule de papier pendant que les autres autour les encourageaient. Peu intéressé par ce spectacle insolite, je partis à la recherche de mes deux compères. Ce fut dans un coin isolé que je trouvais Simon figé dans sa posture habituelle. Je me dirigeais vers lui tout en l’interpellant. Mais arrivé à une dizaine de mètres, je réalisais que je n’avais pas le signe inscrit sur ma main. Je courais rejoindre la casemate, vidais tous mes sacs à la recherche d’un stylo. Je m’énervais tout seul à retourner à nouveau chaque poche comme si un stylo allait apparaître soudainement. Je ressortis comme une furie et percutais un pauvre bougre qui tenait à peine sur ses pieds. J’avais envoyé valdinguer son carnet et son stylo. Une aubaine, avant de le lui rendre, je dessinais une étoile à cinq branches sur le dessus de ma main. Je remerciais le vieil homme tout en l’aidant à se relever et je lui faisais la bise en le quittant.

Je traversais le camp à toutes jambes, main levée pour mettre en évidence le signe, tout en hurlant « Simon ! ». Le match s’interrompit et les spectateurs tournèrent leur tête dans ma direction. Découvrant les visages consternés, je ralentis le pas et baissais la main tout en exécutant un petit signe de tête accompagné d’un coucou en agitant le bras qui me rendait tout aussi étrange aux yeux des étrangers.

Simon n’avait pas bougé. Je présentais ma main qu’il n’examina même pas. Je lui parlais de Bassem, je demandais si eux aussi avaient été conduits au camp de Vernet. Son visage s’éclaira, il me dévisagea et sourit. Là-dessus, un type me tapa sur l’épaule.

- Faut rentrer, promenade terminée !

- Je finis de parler avec mon ami et j’arrive.

- Toi faire vite, ajouta l’homme avec un sourire aux lèvres, sinon milice venir ! Toi toctoc…

Je ne comprenais pas très bien où il voulait en venir avec ce ‘toi toctoc’ jusqu’au moment où je me retournais pour tomber face à face avec personne. Simon avait disparu.

Jour 53

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Commentaires
O
Si le corona a ta soeur je lui pète son nez... au corona bien évidemment...<br /> <br /> Quant au frère, il veille ! Méfiez-vous armada d'intrus déguisés en ami d'ami que le miroir aux chats ne vous transforme en alouettes !
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J
Afin de prévenir les commentateurs : qu'ils ne s'étonnent pas si leurs messages n'apparaissent pas ou sont tronqués, le type qui tient le blog a un frère !
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J
comme on est dimanche ma soeur elle pique-nique (sa mère) au bord de la piscine. La météo a prévu de la neige pourvu qu'elle attrape pas le corona ma soeur
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