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Le voyageur internautique
4 mai 2020

Chronique d’un enfermement : jour 54

Chronique d’un enfermement

La fiction de la fiction, c’est de la mythologie !

accès début (jour3)

enfermement coul

Le signe était effacé !

Quel crétin j’avais été. J’avais oublié de vérifier la présence du signe sur le dessus de la main. Voilà la raison qui m’avait valu une bonne raclée.

- T’es tout rouge, là, m’expliqua N’Dongo, un des « Africains », tu t’es battu dans le camp ? me demanda-t-il tout en ramassant les bols et les cuillers du petit-déjeuner.

- C’est une hallucination qui m’a attaqué pendant que j’avais le dos tourné.

N’Dongo me dévisagea, essayant de deviner si je me fichais de lui ou bien s’il s’agissait d’un style d’humour à deux balles. Son sourire me laissa entendre qu’il privilégiait la dernière hypothèse. Je lui glissais à l’oreille que je serais ravi qu’il m’accompagne pour tester une théorie en forme d’étoile à cinq branches.

- T’es juif ?

- Pas le moins du monde et puis l’étoile de David c’est pas la même, y a six branches. Alors tu veux m’aider ou pas ?

- Contre un de tes sacs à dos et une partie de ton repas.

- C’est d’accord !

- Que faut-il faire ?

- Tu fais les promenades avec moi et tu te dessines une étoile à cinq branches sur la paume de la main.

- T’es certain que tu n’es pas juif ?

C’était la première fois de ma vie que j’entrais dans la communauté judaïque, en tous les cas dans la tête de N’Dongo.

La première promenade du matin n’avait rien donné. Avec mon nouvel acolyte, on avait arpenté le camp à la recherche de Simon en questionnant tout ceux qui se présentaient à nous. C’est ainsi que j’appris avoir hérité du surnom de ‘Simon l’Israélite’ accompagné d’un geste du doigt à hauteur de la tempe.

La chaleur était retombée et les joueurs de foot avaient repris leur match dans une poussière tout aussi incroyable. Au point qu’il devenait difficile de suivre la progression de la balle en papier. N’Dongo faisait partie de l’une des équipes, il ne transigea pas sur sa présence au match. Comme il était un bon joueur et qu’on pariait sur les équipes, il bénéficiait d’avantages en nature. Je m’installais un peu plus loin et j’observais les gars qui cavalaient en tous sens sous les acclamations de leurs supporters. De retour dans nos casemates, je voulus faire la sieste comme d’habitude pour patienter jusqu’à l’heure du repas. Impossible de fermer l’œil, une seule idée en tête, mettre un peu d’ordre dans mes idées. Rien ne tenait debout. Pas plus ce camp, que ce Simon qui hantait les lieux tout en échappant à la surveillance des vigiles avec une facilité déconcertante.

Lorsque le soleil vint tangenter avec l’horizon pour l’embraser d’un orange rougeoyant, nous pûmes à nouveau prendre le frais. Pas de matchs, chacun préférant s’installer par groupes d’affinités. N’Dongo quitta le sien, réclama le pain et la pomme molle qui constituaient une partie de son salaire. Nous avions convenu que le sac à dos serait choisi après nos recherches.

Nous filâmes très vite sur l’arrière du hangar après avoir vérifié que nos signes respectifs n’avaient pas été effacés. Le sien laissait un peu à désirer, mais il refusa de retourner dans son baraquement pour le refaire.

Le temps passait sans que rien ne se produise. N’Dongo qui ne voulait pas d’ennui avec les miliciens me pressait de quitter les lieux. Il me proposa aussi de cesser de passer pour un fou. J’insistais pour qu’il patiente encore un peu. Nous fîmes un dernier passage et c’est au cours de ce passage qu’eut lieu la rencontre.

Simon était là, tout simplement, derrière nous. Un frisson dans le dos me fit pressentir sa présence. Je fis volte-face et me trouvait nez à nez avec lui. J’appelais N’Dongo qui avait avancé de quelques pas. Il se retourna et je compris à son regard ébahi qu’il avait vu Simon, tout comme moi. Je levais la main en signe de reconnaissance et incitait mon camarade à faire de même.

- Vous n’avez rien à faire ici, il faut retourner au camp, expliqua un des miliciens du camp. Un milicien sympa par ailleurs. A ma grande surprise, ça existait.

Et il poussa N’Dongo dans le dos afin qu’il regagne son baraquement.

- Et nous alors ? questionnais-je bêtement.

Pas de réponse. Il nous ignora totalement. Comme si nous n’existions pas.

Jour 55

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